Des milliers de kilomètres ont beau les séparer, les agriculteurs et éleveurs des territoires ultra-marins partagent des problématiques communes. Comment réduire la dépendance aux importations alimentaires ? Comment diversifier les productions et s'assurer un revenu suffisant tout en respectant l’environnement et la santé humaine ? Voilà les grandes questions agronomiques, sanitaires ou économiques que se posent les nombreux partenaires de TransAgriDom.
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« L'idée est simple : favoriser le partage de connaissances, d'expériences et de bonnes pratiques entre les différents acteurs de l'outre-mer français pour accélérer la transition agroécologique dans ces territoires » résume Jean-Marc Thévenin, co-animateur national des RITA (Réseaux d'innovation et de transfert agricole dans les outre-mer), chargé de TransAgriDom. Chercheurs, ingénieurs, techniciens, formateurs, conseillers… Le projet associe 19 structures de la recherche, de l'expérimentation ou de l'enseignement qui collaborent notamment dans le cadre de groupes opérationnels du PEI (partenariat européen pour l’innovation) et d'actions du plan Ecophyto 2+. Leurs travaux prolongent ceux menés de 2015 à 2018 au sein d'un précédent projet MCDR : AgroEcoDom.
Fertilité des sols, agroforesterie, autonomie alimentaire des élevages de ruminants, gestion des prairies, santé et bien-être animal, qualité des miels et gestion des ruchers ou encore agritourisme : autant de thématiques approfondies par les partenaires dans le cadre de groupes de travail, en lien direct avec les agriculteurs. Couvrant les filières animales, végétales et transversales, les résultats de TransAgriDom se traduisent par la diffusion d'outils, d'applications, de protocoles, de fiches techniques ou de vidéos mis à disposition sur une même plateforme collaborative : COATIS. Ils sont également partagés lors de visioconférences ou de rencontres annuelles organisées par exemple à Paris lors du Salon international de l'Agriculture ou sur le terrain comme en Guyane fin 2019. « Nous avons par exemple développé une application sur les plantes de service et réalisons un répertoire des outils et principes pour une bonne stratégie de lutte contre le huanglongbing (HLB) des agrumes
» illustre Jean-Marc Thévenin. Toutes ces actions menées en faveur de la formation et de l'accompagnement des professionnels de l'Outre-mer dans la transition agroécologique visent un même objectif : « Répondre plus facilement et plus rapidement aux défis agronomiques et, in fine, contribuer à l'adaptation des politiques publiques sur ces territoires »
© Stéphane Saj
"Les espèces de sous-bois ont une carte à jouer dans l'agriculture ultramarine"par Stéphane Saj, chercheur au CIRAD, animateur du volet « Agroforesterie » de TransAgriDom |
"Nous menons des travaux inter-dom consacrés aux systèmes de culture agroforestiers contenant des espèces de sous-bois, des végétaux qui se développent naturellement à l’ombre des forêts humides : cacao, café et vanille. Ces espèces ont une carte à jouer dans l'agriculture ultra-marine, en particulier pour les petites exploitations en recherche de diversification et de marchés de niche à haute valeur ajoutée.
Quatre stages de terrain ont aidé à caractériser différents systèmes de culture dans les territoires ultramarins : cacaoyers sous couvert forestier en Guyane et en Guadeloupe, association de caféiers et de bananiers en Martinique, de vanilliers et de fruitiers en pente modérée à Mayotte… Cette analyse a permis de dresser une typologie des systèmes et des personnes qui les gèrent. Accessibles dans une synthèse en ligne, les résultats sont intéressants à plusieurs titres : les points communs entre les DOM le sont davantage au niveau des agriculteurs que des systèmes de culture, très divers. Les producteurs, en majorité des hommes responsables de petites exploitations, ont depuis moins de 3 ans des parcelles de cacao, café ou vanille inférieures à 1 ha. Par ailleurs, la grande majorité d'entre eux partagent les mêmes volontés : produire avec le moins d'intrants possible, vendre des produits à forte valeur ajoutée ou accéder plus facilement aux aides. C'est pourquoi les échanges et les actions communes sont essentiels.
Chercheurs, agriculteurs, DRAAF, collectivités, instituts techniques, lycées agricoles, associations de préservation de l'environnement… TransAgriDom met en relation l'ensemble des acteurs des filières agricoles pour trouver de nouvelles façons d'avancer et proposer des approches et modèles technico-économiques communs. C'est là toute la force du projet."
"Développer des outils pertinents et utiles pour mieux accompagner les éleveurs"par Maeva Miralles-Bruneau, ingénieure d’études et expérimentation à l'Association réunionnaise de pastoralisme (ARP) |
"TransAgriDom offre l'opportunité de faire le point sur les connaissances en production fourragère et de développer des outils de diagnostic et d’aide à la décision pertinents et utiles. Choix d'espèces, potentiels de rendement, valeurs nutritionnelles des fourrages… Nous réalisons un guide destiné à donner des clés aux techniciens pastoraux des outre-mer, souvent isolés et confrontés à des contextes pédoclimatiques bien différents de ceux auxquels ils ont été formés en métropole. À paraître en 2021, ce guide couvrira tous les aspects de la gestion du pâturage, du sol jusqu'au coût de production, et s'appuiera notamment sur une observation de la pousse de l'herbe menée pendant 3 ans. Finalité de la publication : rendre accessible et pratico-pratique des informations et protocoles auprès des techniciens et éleveurs en zones tropicales.
En manque de références et d’outils, de nombreux éleveurs s'interrogent aussi sur la mise en place de parcours de volailles de plein air : types d'herbes ou d'arbres à planter, création de zones d'ombre et de protection contre le vent, etc. Des témoignages vidéo d'éleveurs en agroforesterie ainsi qu'un guide d'aménagement des parcours sont en préparation, notamment grâce à un travail d'identification d'espèces endémiques mené avec l'Armeflhor, le Parc national et l'ONF.
Comment faire un bilan fourrager ou mettre en place un essai de démonstration ? Comment adapter des formations et des animations à des éleveurs aux profils très disparates, des anciens aux plus jeunes ? Ces problématiques du transfert agricole sont les mêmes pour tous les territoires ultramarins. TransAgriDom permet d'y répondre par des rencontres et des échanges afin d'aider les éleveurs à mieux gérer leurs prairies au quotidien."