De nombreux départs à la retraite, trop peu de nouveaux arrivants… Cette réalité touche durement le milieu agricole. Pour améliorer la situation, la Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne (CIAP) Pays de la Loire pilote #Happyterr#. Ce projet couvrant le Grand Ouest prolonge les travaux menés entre 2015 et 2018 dans le cadre de DEAPNA. Son objectif est simple : mettre en place des dispositifs pour sécuriser le parcours d’installation
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Premier outil proposé pour soutenir ces nouveaux venus : le stage paysan créatif. Soutenu par des paysans référents et un groupe d’appui local, les stagiaires sont formés pendant un an aux méthodes de travail, à la gestion administrative et comptable, à la commercialisation... "Ils ont un accès facilité à des moyens de production, peuvent élaborer un modèle économique mais aussi développer un réseau de vente directe. Ce stage facilite l’insertion sur le territoire et dans le milieu professionnel en créant un réseau d’entraide." En tant que coopérative, la CIAP peut héberger juridiquement, économiquement et administrativement des projets de reprise ou de création d’activité. Elle propose par ailleurs un préfinancement destiné à acquérir les premiers moyens de production et à développer son activité. Les bénéficiaires peuvent ainsi obtenir jusqu’à 40 000 euros. "Nous hébergeons une trentaine de projet par an. En 2018, cela représentait 645 000 euros engagés pour 500 000 euros de chiffre d’affaires généré par les porteurs de projets." La CIAP propose enfin des lieux tests permanents en maraichage biologique à Saint-Herblain (44), Redon (35) et, depuis cette année, à Sainte-Gemmes-sur-Loire (49). Ils offrent un accompagnement technique et un cadre sécurisé pour produire, gérer son activité et commercialiser sa production.
Les partenaires d’#Happyterr# travaillent cette année à développer un observatoire des installations destiné à mettre en lumière les facteurs de pérennisation des installations hors cadre familial. Ils analysent également le transfert du modèle des SCOP aux entreprises agricoles, "notamment pour faciliter les transmissions et sécuriser le statut social des agriculteurs." À terme, les outils d’accompagnement déployés dans le cadre d’#Happyterr# visent tous un même objectif : faire évoluer les politiques d'installation, de coopération et de modernisation agricole pour répondre au défi du renouvellement des générations.
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"Transmettre nos connaissances est une évidence"par Alain Huet, paysan référent, éleveur ovin à Ecuillé (49) |
"Adhérent à la CIAP depuis 2 ans, j’ai accepté d’accompagner un stagiaire en 2018 : Bérenger. Pendant une année, mon rôle en tant que paysan référent a consisté à le former à l’élevage de moutons. Pâturage, agnelage, etc. Nous avons vu l’ensemble du processus de production ainsi que tout ce qu’il faut savoir pour maîtriser un troupeau.
Bérenger venait maximum 2 jours par semaine. Le reste du temps, il montait son projet d’installation et rencontrait d’autres éleveurs pour découvrir différents fonctionnements. Son stage a pris fin au printemps mais nous restons en contact régulièrement, au moins une fois pas semaine. Des liens se sont créés et c’est cela qui est intéressant et motivant, pour tous les deux.
Le paysan référent est là pour épauler le jeune dans son installation, le conseiller sur sa production et le rassurer quand il fait face à des difficultés.
Nous avons aussi été jeune, avons suivi des stages et dû apprendre le métier, c’est donc naturel et évident de transmettre nos connaissances à notre tour. Cette première expérience ayant été un succès, je suis prêt à accueillir un nouveau stagiaire quand l’occasion se présentera."
"L'opportunité de se tester et de lancer son activité"par Bérenger Arnould, berger itinérant accompagné par la CIAP 49 |
"J’ai découvert l’activité ovine lors d’une réunion organisée par la CIAP en mai 2018 puis j’ai eu l’opportunité de suivre deux semaines de stage auprès d’un berger itinérant sur les bords de Loire. En octobre, j’ai débuté mon stage paysan créatif chez Alain Huet. Une fois par mois, je participais également aux formations collectives proposées par la CIAP afin d’approfondir mon projet d’installation : gestion d’entreprise, commercialisation en vente directe, communication, etc.
Depuis juin 2019, je bénéficie du portage d’activité proposé par la CIAP, notamment d’une avance pour investir dans le troupeau et le matériel : clôture mobile, cuves et abreuvoirs, moutonnière... La CIAP assure l’hébergement juridique et fiscal de mon activité à travers un contrat d’un an renouvelable 3 fois. Cela permet de se tester et de lancer son activité avant de racheter les investissements réalisés.
Aujourd’hui, je remets le pastoralisme au goût du jour. J’élève 145 moutons (Roussins de la Hague et Ardennais Roux) et commercialise la viande d’agneau en vente directe. Je déplace mon troupeau en essayant de trouver des sites à proximité de chez moi pour pouvoir rentrer le soir et profiter d’un certain confort de vie. Je travaille notamment avec des gestionnaires d’espaces naturels afin d’entretenir et de préserver des coteaux, des vignes, des peupleraies..."