Érosion de la biodiversité, perte de qualité des productions alimentaires, inégale répartition de la valeur dans les filières agricoles… Autant de problématiques aujourd’hui rencontrées par les territoires ruraux. Afin de faire émerger de nouveaux modèles agricoles et d’améliorer la mise en oeuvre locale et collective de la transition agroécologique, la FNCUMA, les réseaux TRAME, CIVAM, FADEAR, la FRCIVAM Pays de la Loire et l’association France Nature Environnement ont fondé ECLAT. Dans le cadre de ce projet, 5 sites pilotes ont été sélectionnés. "Ils expérimentent des démarches de concertation et de co-construction de politiques de transition agroécologique multi-acteurs, des modes de gestion collective de biens communs agro-environnementaux (biodiversité, qualité de l’eau, de l’air, des sols…) ou encore de nouvelles formes de contractualisations comme les MAEC (Mesures agroenvironnementales et climatiques) collectives" explique Agnès Le Foulgoc, chargée de mission accompagnement et promotion de l'innovation à la FNCUMA. Situés dans les Ardennes, l'Indre, la Loire, le Lot et la Vendée, ces sites sont constitués d'animateurs et de collectifs d'agriculteurs en lien avec des partenaires locaux : collectivités territoriales, environnementalistes, entreprises, associations, citoyens... Finalité de ces expérimentations de terrain : "Faire remonter des propositions, notamment pour la prochaine PAC." Soutenir la transition des systèmes, l'investissement collectif, les expérimentations locales, l'accompagnement des groupes, l’autonomie territoriale... Certains partenaires d'ECLAT ont déjà contribué à formuler des propositions pour l’élaboration de la future PAC avec l’appui des résultats du précédent programme MCDR "COLLAGRO" (2015-2018).
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Pour les partenaires du projet, ECLAT est aussi l'opportunité de développer leur réseau et d'identifier leurs complémentarités : "Nous échangeons sur nos pratiques d'accompagnement, nous partageons nos ressources et nous développons l'interconnaissance. C'est très riche, assure Agnès Le Foulgoc. Nous faisons aussi ce travail d'échanges entre projets MCDR, notamment sur la manière d’accompagner les acteurs de terrain... La FNCUMA est par exemple en lien avec les porteurs des projets "Le développement rural par la coopération" et TRESSONS. Globalement, leurs travaux dans le secteur de l'économie sociale et solidaire correspondent à ce que nous recherchons pour le secteur agricole : une articulation entre des enjeux environnementaux, un contrat social, une gouvernance et un modèle économique fonctionnel."
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"L’échange d’expériences est une mine d'or inépuisable"par Loïc Dekoster, référent agriculteur et administrateur à l'ADAR-CIVAM du Boischaut Sud (36) |
"Sur notre territoire, dans l'Indre, l'ADAR-CIVAM anime plusieurs réseaux d’agriculteurs (Dephy, 30 000...) ainsi que la Trame Verte et Bleue. Suite au projet MCDR
COLLAGRO, nous avons décidé, avec 5 autres agriculteurs, de créer un GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental). Aujourd'hui composé de 16 agriculteurs, ce groupement s'implique dans ECLAT. Notre ambition est d'intégrer des agriculteurs référents au sein des organes décisionnaires - comités de pilotage et techniques – des MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques) du Pays de La Châtre en Berry. Avec l'appui d'ECLAT, nous souhaitons apporter aux MAEC notre expérience de terrain, notamment sur la conservation et l'amélioration des prairies humides et des bocages.
Ce que nous apprécions le plus dans le cadre de ce projet MCDR, ce sont les opportunités de partage et d'échanges d'expériences qu'il offre. C'est une mine d'or inépuisable. Nous apprenons à chaque rencontre, journée de travail ou visite de terrain. Pouvoir se confronter avec des groupes de toute la France aux climats, productions ou contraintes différents des nôtres est très positif. Cela nous apporte des idées, des méthodes de mise en oeuvre d'un projet ou des astuces techniques permettant de débloquer une situation. L'interconnexion des réseaux impliqués dans ECLAT fournit également des informations sur des expérimentations ou des nouveautés législatives ainsi que de nombreux contacts."
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"Partager et faire reconnaître notre vision
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"Fusion de plusieurs collectifs d'éleveurs, le groupe "Semences et autonomie territoriale" prend de l'ampleur depuis 5 ans. Il réunit aujourd'hui une cinquantaine de
paysans autour de deux principaux axes de travail : la production et l'échange de semences locales ou paysannes (maïs, protéagineux, fourragères...) et l'autonomie alimentaire des troupeaux à l’échelle d’une ou plusieurs fermes. Depuis deux ans, nous avons élargi nos thématiques de réflexion dans l’objectif de faire évoluer les systèmes d'élevage vers des pratiques agroécologiques paysannes, c'est-à-dire avec davantage d'autonomie décisionnelle, une meilleure valeur environnementale et plus rémunératrices.
ECLAT est l’opportunité de prendre du recul et de réfléchir, avec nos partenaires (syndicats de rivière, DRAAF, parcs régionaux, LPO, Contrôle laitier...), sur notre organisation et la question complexe des biens environnementaux. Le projet nous offre aussi l'occasion de faire remonter aux pouvoirs publics notre vision de l'agriculture. L'enjeu est de taille. Aujourd'hui, le monde agricole doit faire face à des transformations importantes et il existe une grande inquiétude quant à l'avenir de l'agriculture paysanne, humaine et respectueuse de l’environnement. Nous souhaitons par exemple que les politiques publiques reconnaissent le temps que les agriculteurs passent à réfléchir et expérimenter, pour le collectif, sur de nouvelles pratiques."