Les objectifs étaient : Faire un état des lieux :
Il a permis de rassembler collectivités (Métropole du Grand Paris, Ville de Paris, Conseil régional, AEV, ARB, Institut Paris Région, des communautés d'agglomération...), des organismes professionnels agricoles et de filière (GAB, Chambre d'agriculture, réseau des Amap, Interfel, Semmaris...), et les services de l'Etat.
Nathalie de NOBLET-DUCOUDRE - Chercheuse - Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement; UMR CEA-CNRS-UVSQ, Université Paris-Saclay ; GREC - groupe régional d'expertise sur le changement climatique et la transition écologique en Île-de-France.
L’évolution récente du climat :
• n’est pas homogène dans le temps, ni dans l’espace
• son attribution aux activités humaines est incontestable à l’échelle mondiale
Le climat va continuer de se réchauffer :
• Plus nous émettons de GES, plus le climat se réchauffe
• Plus le climat se réchauffe, plus les extrêmes sont intenses
• de nombreuses régions du monde (dans les tropiques) vont devenir inhabitables
• Nos actions à partir d’aujourd’hui peuvent ralentir / limiter le réchauffement climatique au-delà de 2050
• puisque le réchauffement est proportionnel aux émissions cumulées de CO2 anthropiques
Le monde agricole subit déjà les impacts du changement climatique
• Avec des pertes de rendement avérées dans les zones tropicales et équatoriales, mais aussi dans les zones tempérées en réponse à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes
• En France les événements majeurs météorologiques dont il faut se soucier sont :
+ les excès de chaleur
+ les gels pendant le débourrement et/ou la floraison
+ les pluies extrêmes
+ les sécheresses [avec un risque de combinaison plus fréquent aux excès de chaleur]
En Île-de-France, la question de l'adaptation est abordée de plusieurs manières :
+ Des travaux encore récents en Île-de-France permettent de mettre en lumière les besoins en adaptation : Carnet du GREC, projet de recherche CLIMAELG (INRAe). La prise de conscience et la mobilisation est encore faible et récente.
+ Des solutions sont proposées pour améliorer les systèmes existants, telles que les contributions au Varenne de l'eau, ou le volet agricole du plan régional adaptation au changement climatique (PRACC).
+ Des modifications systémiques sont encore peu abordées. Pour atteindre des marges d'adaptation importantes, la modification plus globale des systèmes apparaît comme nécessaire (modification des types de production, du système dans son ensemble).
Les besoins d'adaptation au changement climatique de l'agriculture au regard de l'état des lieux du changement climatique sont :
Les principales conclusions de la présentaiton de Nabil TOUILI (INRAe), concernant le projet de recherche CLIMALEG sont qu'il existe des besoins spécifiques en matière d'informations climatiques (et non climatiques) pou le cas de l'Île-de-France :
+ Identification des facteurs climatiques (Températures maximales > 30°C, gel tardif, Faibles gelées (hiver doux), faible précipitations, faible précipitations, canicules, sécheresses, etc.) auxquels les principales cultures sont vulnérables .
+ Un couplage de données climatiques territorialisées pour le futur proche (2040) et lointain (2040-2060) et d'ateliers participatifs a permis l'identification de pistes d'adaptations et leurs priorités.
+ Des données non climatiques (mais associées au climat) sont requises pour explorer l'avenir de la filière légume (e.g. espaces analogues, régles d’urbanisme, etc.).
La question de la ressource en eau se révèle un enjeu majeur :
+ Avec des contrastes inter saisonniers et un volume annuel majoritairement stable en termes de pluviométrie, les précipitations hivernales ne permettront pas de couvrir les besoins en eau dus aux hausses prévues des températures et de l'évapotranspiration (printemps et été) selon les projections climatiques
+ Des besoins en matière de projections hydro-climatiques
+ Des besoins supplémentaires en eau pour l'adaptation sur des échelles individuelles (Vs échelle collective et les perspectives d'évolution de la ressource en eau)
Le secteur agricole est le second secteur d'émission en France, apprès les transports. Ces émissions sont issus en particulier des fermentations entériques des ruminants (en particulier des émissions CH4) et des amendements source de N2O (en particulier d'engrais azotés de synthèse).
L’agriculture est le principal émetteur de GES au sein du secteur alimentaire. Il représente 2/3 des émissions depuis la production jusqu’à la consommation alimentaire.
En Île-de-France, le poste majoritaire concernant la production est l’épandage d’engrais azotés, soit 60% des émissions du secteur, en particulier dû aux pratiques de la filière céréalière qui est majoritaire.
Les principaux leviers d'atténuation sont :
Il est souligné le fait que des leviers climato centrés, proposant des paris technologiques, permettent une réduction des émissions du secteur de seulement 10 à 20%. Pour une transition plus rapide et plus ambitieuse, notamment au regard des objectifs de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), une approche globale est nécessaire :
+ A l'échelle de l'exploitation : Questionner le système de production dans sa globalité.
+ A l'échelle d'un territoire : requestionner la place de certaines productions, de la taille du cheptel ruminant (dans le cas de région forte prédominance d'élevage). Dans le cas de la région Île-de-France, l'adaptation des systèmes pour une réduction de l'utilisation d'engrais de synthèse est le principal levier : diversification des assolements et intégration de légumineuses, déploiement de l'agriculture biologique, développement de l'agroforesterie, maintien des prairies…
Des travaux de prospectives permettent de visualiser l'impact pressenti de ce type de changement : Climat 2050 (ADEME), TYFA (IDDRI), Afterre 2050 (Solagro).
Parmi les leviers proposés, des actions sont déjà déployées dans le cadre de la transition agroécologique en lien avec la protection de ressources (eau, biodiversité, air), et permettent des co-bénéfices pour l'atténuation du changement climatique. Ainsi l'accompagnement à la transition des exploitants (Chambre d'agriculutre - Diagnostic carbone, GAB ile de France, Agrof'île…), mais également les travaux pour le déploiement de filière bas niveau d'impact (notamment légumineuses) ainsi que les MAEC sont des outils préexistants sur lesquelles s'appuyer.