FOCUS SUR LE PROJET CARNAC
La nouvelle itinérance de l’observatoire de l’implicite a commencé en Auvergne. Organisée dans le cadre de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural, elle se déroulera entre le 21 avril et le 1 juin en Auvergne.
Le développement rural par la coopération : une conviction !
Le projet « le développement rural par la coopération », renommé CARNAC, est lauréat de l’appel à projets « Mobilisation Collective pour le Développement Rural » du Réseau Rural Français en 2018.
Ce projet prolonge les travaux menés par l'Institut des Territoires Coopératifs depuis 2015 sur la maturité coopérative et va s’échelonner sur 3 ans.
Car s’il est aujourd’hui indiscutable que la coopération est un levier de résilience territoriale, et plus spécifiquement dans le monde rural, les ressorts de la coopération restent mal connus. Or, il est indispensable de comprendre et d’apprendre à maîtriser ses conditions d’émergence, ce qui permet de la nourrir, de l’entretenir, de la renouveler et de l’essaimer. Si le champ et le développement de la compétitivité ont été beaucoup investis par les pouvoirs publics, il faut également miser sur la coopération des acteurs et la synergie des actions pour démultiplier les potentiels territoriaux.
Certes, mais comment faire ?
En effet, comment passer de co-auteur à co-acteur ? Parce que coopérer, c’est être co-auteur d’une œuvre commune en opérant un changement dans la relation à soi-même et à l’altérité. Car coopérer implique de développer une relation d’égal à égal entre co-auteurs, chacun dans son rôle, et de considérer l’œuvre créée comme un bien commun. Les rouages de la coopération ne se trouvent pas en surface. C’est dans des couches plus profondes qu’il faut aller en chercher les ressorts.
Or, la coopération est souvent appréhendée en se limitant aux seules parts visibles et conscientes du processus. De nombreux travaux étudient les projets, leur contexte et leur environnement, leur structure juridique et leurs statuts, leurs objectifs et leurs résultats.
D’autres travaux portent sur la compréhension des systèmes d’acteurs, l’intégration des parties prenantes, la gouvernance, l’alignement des intérêts, les processus de décisions, les règles de fonctionnement. Des travaux enfin étudient les outils mobilisés, les moyens déployés…
Si ces éléments permettent de voir la coopération à l’œuvre, ils ne disent pourtant rien de ce qui en a permis l’émergence. Or, il semble que c’est précisément CETTE connaissance qu’il est nécessaire de produire, de s’approprier, et de diffuser le plus largement possible.
Une méthodologie d’action-recherche inédite…
La méthodologie développée par l’Observatoire de l’Implicite pour comprendre et décrypter les ressorts de la coopération est particulièrement originale : la marche à pied, le temps de l’itinérance à travers les territoires à la rencontre de collectifs diversifiés. Collectifs qui vivent et s’activent sur leur territoire, le façonne par leurs actions et interactions, sans en avoir parfois tout-à-fait conscience… Quels sont les moteurs de la mobilisation collective ? Quels sont les principes d’action de la coopération ? Quelle part d’humanité se joue ici pour la faire vivre et l’entretenir au fil du temps ? De quelles natures sont les tensions qui peuvent en naître ? Car tout ne va pas de soi dans la coopération, cela va s’en dire.
Cette analyse réflexive constitue le cœur de cette action-recherche inédite. Prendre le temps de l’échange, de l’expression individuelle, du « feed-back » afin de mettre de des mots sur le vécu de chacun au sein du collectif et du collectif sur le territoire.
Cette prise de conscience contribue à renforcer les dynamiques de coopération territoriale et permet à chacun d’aborder ce concept de maturité coopérative. Croître en maturité coopérative, c’est se donner la chance de démultiplier les potentiels territoriaux.
Afin de propager cette culture de la coopération, 2 à 3 conf’échanges ouvertes à toutes et tous sont également organisées tout au long des itinérances : habitants, porteurs de projet collectif, associations locales, sont invités à y participer, faire part de leur expérience, de leurs interrogation et sont amenés à interagir ensemble avec Anne et Patrick BEAUVILLARD.
Adossée à une démarche multi-partenariale et pluri-acteurs…
Cet ambitieux projet trouve sa dynamique dans l’intelligence collective qu’elle produit et par le croisement des regards posés sur les différents modes de coopération vécues et développées au cœur des territoires.
C’est ainsi que CARNAC fédère autour de ses réflexions, des acteurs clés de la coopération : la Confédération Nationale des SCOP (CGSCOOP), la Fédération Nationale des CUMA (FNCUMA), Coopérer pour Entreprendre (Réseau de Coopératives d’Activité et d’Emploi), le Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire (RTES), le Réseau National des Maison des Associations (RNMA).
Y sont associés les Réseaux Ruraux Grand Est, Normandie, Pays de la Loire, Auvergne Rhône-Alpes (CAP Rural).
Point d’étape sur le projet CARNAC
La première itinérance a déjà eu lieu dans le Grand Est, de Charleville-Mézières à Dijon à l’automne 2018. Toutes les informations et ressources disponibles (journal de l’itinérance, collectifs rencontrés - conf’échanges etc…) sont à disposition du grand public sur le site de l’Institut des Territoires Coopératifs)
http://institut-territoires-cooperatifs.fr/
La 2ème itinérance démarre ce printemps à partir d’Aurillac dans le Cantal pour se terminer à Tréban dans l’Allier.
Deux autres itinérances sont encore en cours d’élaboration, dont la prochaine à l’issue de l’été sur les territoires Normands et Pays de la Loire.
Toutes reposent sur un principe de décloisonnement :
Décloisonnement inhérent aux partenariats noués dans le cadre du projet CARNAC, qui croise les milieux agricoles, de l’entreprise, des collectivités, et de l’entreprenariat.
Décloisonnement des pratiques par un même processus intégré et continu d’ « action ßà recherche ßà transmission » pour répondre au caractère d’urgence des transformations sociétales attendues.
Produire, mettre en œuvre, et diffuser une connaissance nouvelle sur le « comment coopérer »
Au final, 40 à 45 collectifs vont vivre le protocole de l’Observatoire de l’Implicite à travers une démarche leur permettant de mettre à jour les éléments facilitant ou freinant leur coopération.
Des membres des organisations partenaires du projet, ainsi que des Réseaux Ruraux Régionaux concernés, participent à certaines étapes des itinérances pour s’approprier des clés de maturité coopérative, et ainsi pouvoir les mettre en œuvre dans leur structure. Un journal d’itinérance est tenu au jour le jour et publié sur internet.
À l’issue du projet, un guide méthodologique et sa synthèse seront publiés. Ils répondront à la question de recherche posée ci-après : Quels sont les principes d’action de la coopération qui déterminent les capacités d’émergence, de croissance, de transmission et d’essaimage d’une initiative coopérative ?
Des outils de communication à l’intention du grand public reprendront ces éléments, afin de diffuser la connaissance du « comment coopérer ».
Un film de 52mn sera réalisé, avec un sous-titrage en langue anglaise. Il retracera l’expérience du projet et traitera de la maturité coopérative comme levier de développement de la ruralité.
Une dizaine de projections-débats du film seront organisées sur l’ensemble du territoire, avec le soutien des délégations territoriales des partenaires, et des Réseaux Ruraux Régionaux.
Produire, mettre en œuvre, et diffuser une connaissance nouvelle sur le « comment coopérer », voilà tout l’enjeu du projet CARNAC et de ses partenaires. Donner un nouveau souffle aux territoires par la mise en lumière d’une ruralité ingénieuse, vivante et vivifiante.