Porté par le pôle de compétitivité VEGEPOLYS VALLEY, inscrit dans le programme de recherche et d’expérimentation SOS PROTEIN, TERUnic étudie les impacts d'une augmentation de l'autonomie protéique des élevages. Ce projet de GO PEI déployé dans le Grand Ouest a abouti à la création d'un outil inédit de diagnostic et de simulation de l'autonomie protéique : DEVAUTOP_TERUnic.
Optimiser le pâturage, incorporer des légumineuses dans les fourrages, limiter les animaux improductifs, favoriser les protéines locales comme le colza plutôt que le soja américain... Ces actions permettent d'améliorer l'autonomie protéique des élevages, c'est-à-dire le rapport entre les aliments produits sur l'exploitation et les aliments nécessaires à l’alimentation du bétail. Mais quels sont leurs conséquences à l'échelle de l'exploitation, du territoire et des filières ? Répondre à cette question est l'ambition du GO PEI TERUnic (TERritory Economics the Right Understanding). Porté par le pôle de compétitivité VEGEPOLYS VALLEY, ce projet a réuni entre 2016 et 2020 une trentaine de partenaires* autour de trois grandes actions. La première visait à identifier et étudier des stratégies mises en œuvre sur le terrain par plusieurs organisations professionnelles agricoles : « Les partenaires ont observé les leviers d'actions déployés par 80 fermes - ovins, bovins laits, bovins viandes, caprins ou porcins - pour réduire leur dépendance aux importations de soja dans une démarche de traque à l’innovation chez les agriculteurs. Cela a notamment permis de réaliser une valise pédagogique avec des fiches conseils et des témoignages d’éleveurs » indique Marie-Pierre Cassagnes, responsable de l'unité précompétitive de VEGEPOLYS VALLEY. En parallèle, Agrocampus Ouest et l'INRAE ont réalisé une évaluation économique des stratégies d’amélioration de l’autonomie protéique à l’échelle des filières et du territoire, « notamment sur l’impact de la mise en place d’une filière non-OGM ou les innovations agro-techniques permettant d’accroître les rendements ».
« Outil de diagnostic et de simulation, DEVAUTOP_TERUnic aide les éleveurs à passer à l'action »
Troisième grande action menée par TERUnic : la création de DEVAUTOP_TERUnic, « l’une des réalisations majeures du projet » souligne Marie-Pierre Cassagnes. Cet outil permet de calculer l'autonomie protéique des élevages. « Il donne également la provenance des protéines utilisées sur la ferme (région, France ou hors de France) car l'enjeu n'est pas tant de produire sur place que de réduire les importations » détaille Silvère Gelineau, chargé de mission filière laitière à la Chambre d'agriculture des Pays-de-la-Loire. Facile à prendre en main, DEVAUTOP_TERUnic est aussi polyvalent : la méthode de calcul est la même pour toutes les filières (ovins, bovins laits, bovins viandes, caprins ou porcins). « En plus de ce volet diagnostic, l'outil permet de réaliser des simulations, poursuit Silvère Gelineau. Basées sur des données recueillies auprès des 80 fermes ou d'autres projets comme PEREL, ces simulations fournissent à l'éleveur des indications comme la quantité d'herbe produite s'il augmente ses surfaces pour le pâturage ou encore comment évoluerait l'alimentation de ses animaux s'il intègre des légumineuses. » Pour chaque protéine ajouté ou retiré et chaque levier activé, les simulations proposent par ailleurs une estimation du coût et des heures de travail. « Ces estimations ont pour but d'aider les éleveurs à passer à l'action, précise Silvère Gelineau. DEVAUTOP_TERUnic les encourage à questionner leurs pratiques et précise les étapes qu'il reste à franchir pour intégrer une filière "non-OGM" ou bio par exemple. Il est également intéressant à l'échelle d'un groupement de producteurs afin de connaître l'impact économique d'un changement de pratiques sur toute la filière. Nous avons par exemple accompagné l'OP Lait bio Seine et Loire dans le cadre du développement d’un cahier des charges 100 % français. »
Réduire les importations pour répondre aux préoccupations sociales et économiques
TERUnic est l'un des quatre GO du PEI inscrits dans le programme de recherche et d'expérimentation SOS PROTEIN cofinancé par le FEADER. Initié en 2016 par les Conseils régionaux de Bretagne et des Pays-de-la-Loire, ce programme s'est conclu cette année avec la présentation des résultats lors de conférences en ligne. « SOS PROTEIN s'articule autour de quatre projets** destinés à améliorer l'autonomie protéique des élevages de l'Ouest de la France » explique Marie-Pierre Cassagnes. Pour la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, dont l'élevage représente un chiffre d'affaires d'environ 15 milliards d'euros***, les enjeux sont multiples : « Dans l'Ouest, 40% de la protéine végétale est importée. Il s'agit principalement de tourteaux de soja américain parcourant plus de 10 000 kilomètres, source d’introduction d’OGM dans l’alimentation et de déforestation. Réduire ces importations répond aux nouvelles préoccupations de la société : filières sans OGM, alimentation locale, protection de l'environnement... L'enjeu est également économique : baisser notre dépendance aux produits importés permettrait une meilleure compétitivité des éleveurs. » L'autonomie protéique est également un sujet à l'échelle nationale : un nouveau plan protéines doit bientôt voir le jour dans l'objectif de développer la souveraineté de la France sur les protéines végétales.
* Agronomes, économistes, conseillers en élevage, coopératives, organismes professionnels agricoles, lycées agricoles...
** PROGRAILIVE, 4AGEPROD, DY+ et TERUnic
*** données AGRESTE 2016
Réseau rural français - Kogito