Le 28 mai, le RRN organisait un webinaire consacré aux Smart Villages. L'occasion pour les acteurs du développement rural de partager des initiatives et d'en apprendre plus sur ce concept qui se déploie partout en Europe. Retour sur l'événement.
Aussi qualifiés d'agiles ou de résilients, les Smart Villages mettent en œuvre des pratiques innovantes de coopération, de solidarité ou de mobilisation du numérique afin d'apporter des solutions aux défis actuels des zones rurales : transition énergétique, mobilité, alimentation, éducation, santé... En France, de nombreuses initiatives existent d'ores et déjà en ce sens, sans pour autant que le terme de Smart Villages soit employé. Pour préciser ce que sont ces Smart Villages, ce qu'englobe ce concept pour la Commission européenne et pour voir comment la France se l'approprie, le Réseau rural national a organisé le 28 mai un webinaire sur le sujet. Animé par Patricia Andriot, cheffe de projet de la mission Ruralités à l'ANCT, ce temps d'échanges numérique a rassemblé plus de 80 personnes, notamment des représentants de collectivités locales, de Pays, de Pôles d'équilibre territorial et rural ou de GAL.
"Les Smart Villages débutent par une initiative locale et se développent par la coopération"
Le webinaire a débuté par l'intervention de Paul Soto. Le référent du groupe thématique Smart villages de l'ENRD a réalisé un bilan du travail réalisé par ce groupe depuis près de 3 ans : définition et objectifs des Smart Villages, articulation avec la stratégie Leader... « L'approche Smart Villages vise à aider les habitants des zones rurales à agir et répondre aux grands défis et aux opportunités auxquels ils sont confrontés. Il n'y a pas de modèle unique néanmoins les Smart Villages débutent par une initiative locale et se développent par la coopération » a-t-il notamment expliqué. Avant de préciser que la dynamique Smart Villages n'est ni un « mini LEADER » ni une nouvelle stratégie. « L'idée est d'apporter un soutien rapide et flexible pour la transition des zones rurales, d'utiliser ce qui existe déjà – comme l'article 71 de LEADER ou les Réseaux ruraux, et de créer les conditions pour attirer les investissements. » Enfin, Paul Soto a détaillé les bénéfices des Smart Villages : plus de ressources pour l'animation et la facilitation, un meilleur accès aux connaissances, un financement plus rapide et plus souple pour l'innovation locale, une meilleure articulation avec les mesures d'investissement (PAC, FEDER...), et une coopération locale renforcée.
L'exemple du projet européen Smart Rural 21
Le webinaire s'est ensuite poursuivi par une présentation de Smart Rural 21. Soutenu par la DG Agri, ce projet pilote a pour objectifs « de développer et mettre en œuvre des stratégies locales Smart villages afin de nourrir les réflexions sur leur soutien dans les prochaines politiques européennes ». « Dans le cadre de ce projet, nous accompagnons 17 villages européens dans le développement et la mise en œuvre de leur stratégie Smart villages, a détaillé Séverine Bressaud, référente France de Smart Rural 21. Depuis janvier 2020, 5 villages pilotes ont commencé à définir leur stratégie et nous sommes actuellement en train de sélectionner les 12 derniers villages parmi 734 candidatures. » En fin d'intervention, Séverine Bressaud a présenté un focus sur l'expérimentation Smart villages de Mouans-Sartoux, l'un des 5 villages pilotes. « Situé à 10 Km de Cannes et Antibes, Mouans-Sartoux souhaite développer sa politique alimentaire. Après un point sur l'existant et un benchmark européen sur les actions inspirantes, nous avons déterminé 5 axes de développement : se rapprocher avec les territoires de production agricole voisins pour renforcer l'offre de produits locaux bio, soutenir l'installation des agriculteurs, développer la production citoyenne, renforcer la participation des citoyens dans la politique alimentaire et disséminer l'expérience du village auprès des autres collectivités. »
© Wikimedia Commons / Rieul Techer
Le rendez-vous a enfin été l'occasion de présenter les projets MCDR Port@il et Tressons. Le premier vise à favoriser le développement de tiers-lieux ruraux, le second à renforcer l’économie sociale et solidaire (ESS) dans les territoires ruraux. Ces deux projets ont contribué à illustrer les initiatives françaises s'inscrivant dans la dynamique des Smart Villages avant de conclure par un temps d'échanges au cours duquel les participants ont notamment insisté sur l'importance de la coopération pour « faire émerger des dynamiques », « créer des opportunités », ou « inscrire les projets dans les territoires ». En seconde partie du webinaire, des ateliers ont permis de prolonger les échanges et de cerner les attentes et enjeux de mise en œuvre concrète des Smart Villages. Cela a notamment permis de confirmer tout l'intérêt du concept et la nécessité de le vulgariser au plus près des territoires. Dans cette perspective, le Réseau rural va se rapprocher de l'AMRF pour lancer un travail qui permettra de développer des outils de communication autour des Smart Villages (vidéo, fiches didactiques, etc.).
Réseau rural français - Kogito