Directeur Europe et Régions de l'ACTA, Adrien Guichaoua participe au Réseau PAC européen en tant que membre de l’assemblée générale et du sous-groupe « Innovation et échanges de connaissances ». Gouvernance, actions, perspectives, place de la France… Il témoigne.
La 2e réunion des Réseaux nationaux a eu lieu à Leszno (Pologne) les 20 et 21 septembre 2023.
Adrien Guichaoua : La gouvernance du Réseau européen de la PAC s’articule autour de cinq instances : l’assemblée générale, le groupe de pilotage (steering group) et les trois sous-groupes permanents : « LEADER et développement territorial », « Innovation et échanges de connaissances » et « Mise en œuvre du plan stratégique ». L’assemblée générale est composée de cinq ou six personnes par État membre. Pour la France, il s’agit de représentants de l’autorité de gestion (ministère de l’Agriculture), de l’organisme payeur (ASP), du Réseau National Agricultures et Ruralités, du programme LEADER, des services de conseil agricole (Chambres d'agriculture de France) et des instituts de recherche agricole (ACTA). Son rôle est notamment de définir le cadre stratégique et de valider le programme d’animation et d’actions défini par le groupe de pilotage. | ![]() |
Les sous-groupes « Développement territorial » et « Innovation » ont un rôle plus opérationnel. Leur but est d’orienter les programmes PEI et LEADER qui sont au cœur de l’action européenne pour le développement agricole et rural. Nous définissions collectivement, en votant, les thématiques et sujets prioritaires pour l’animation de ces programmes. Faut-il par exemple créer un focus group sur la biomasse dans la forêt ou sur la réduction des antibiotiques en élevage ? Le sous-groupe « Mise en œuvre du plan stratégique » est une nouveauté du Réseau européen de la PAC et son objectif est de suivre et renforcer la mise en œuvre des PSN.
En tant que tête de réseau des 19 instituts techniques agricoles, nous représentons la recherche française. Nous nous sommes coordonnées avec l’INRAE qui est présent dans de nombreuses instances européennes en tant qu’institut agronomique d’envergure mondiale. Le premier intérêt à participer est de recevoir de l’information, notamment de la Commission européenne. Être membre du Réseau nous permet également de développer notre réseau d’acteurs européens. C’est aussi l’opportunité de valoriser le savoir-faire et les travaux français ainsi que notre vision, centrée sur l’approche agroécologique, du développement rural, de l’agriculture, de la recherche et l’innovation.
Nous avons une bonne représentation globale. Nous exerçons une vraie influence, à la fois dans le volet développement territorial et rural et le volet innovation. Nous sommes très actifs au sein du programme PEI ou encore du Standing Committee on Agricultural Research (SCAR). Je pense que nous avons un rôle de leader. La France a notamment participé activement à la co-création de la dynamique des AKIS. CasDAR, RMT, UMT… Tous ces dispositifs de collaboration ont beaucoup inspiré l’Europe. Nous devons poursuivre cette dynamique d’animation des réseaux et acteurs pour conserver cette place de leader européen de l’innovation agricole. D’où la nécessité d’un Réseau national PAC fort et pro-actif, pour mieux connecter les projets et initiatives régionales, nationales et européennes entre elles.
« Une solution ne peut devenir une innovation que si elle est connue et appropriée des acteurs de terrain »
Les thématiques abordées s’inscrivent dans la continuité des dernières années. Au niveau du développement rural, nous allons retrouver ce qui a trait à la revitalisation du maillage rural, avec des sujets comme les dynamiques d’emploi, l’accès aux services ou le développement des circuits courts. Côté innovation, nos actions s’articulent autour du Green Deal : la transition agroécologique, l’adaptation des systèmes agricoles au changement climatique, la protection de la biodiversité, le développement de systèmes alimentaires durables de la fourche à la fourchette…
L’autre sujet central de cette programmation sont les AKIS – en synthèse les systèmes de recherche, développement, innovation et formation en agriculture. Dans cette nouvelle programmation, tous les PSN nationaux doivent avoir des mesures AKIS afin de structurer les réseaux d’échanges de savoir-faire et de connaissances. Pour la France ou l’Irlande le sujet n’est pas nouveau mais cela doit permettre à d’autres États membres, notamment de l’Est, de connecter institutionnellement et légalement les acteurs. C’est un indispensable pour réussir la transition. En effet, une solution ne peut devenir une innovation que si elle est connue et appropriée des acteurs de terrain.
Les chemins de transitons mettent du temps. C’est normal que l’impact sur le terrain ne soit pas encore visible : on ne changera pas du jour au lendemain le système façonné à l’issue de la seconde guerre mondiale. Un changement de mentalité et de nouvelles compétences sont nécessaires. Mais je pense qu’une tendance vertueuse a été initiée et que la dynamique est en route. Les acteurs collaborent et la transition agroécologique fait consensus.
Kogito - Réseau Rural National