Publié en octobre dernier, le rapport du Sénat « Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l'égalité » s’intéresse aux conditions de vie des 11 millions de femmes vivant en milieu rural et aux nombreuses difficultés auxquelles elles sont confrontées chaque jour, en matière d’insertion professionnelle et d’entreprenariat mais également d’accès aux soins ou de mobilité.
Le rapport "Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l'égalité" dresse un portrait fidèle et complet des conditions de vie en milieu rural, à l’heure où une femme française sur trois y réside. © Agence MYOP
À l’origine de ce rapport : un constat. Parmi les 181 mesures de l’Agenda Rural, le plan d’action en faveur des territoires ruraux lancé fin 2019 par le Gouvernement, aucune ne mentionnait l’égalité femmes-hommes ou les problématiques spécifiques aux femmes. Fruit de 10 mois de travaux, un rapport présenté par le Sénat devrait permettre de combler cette lacune. Intitulé Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l'égalité, il aura mobilisé de nombreux acteurs de la ruralité : élus municipaux, représentants de l'ANCT, de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), de l'Association pour le droit à l'initiative économique en milieu rural (ADIE), de Familles Rurales, de la Gendarmerie nationale... Ont également été associés à la démarche des élus de syndicats agricoles, des cheffes d’entreprises, des agricultrices ou encore des professionnels de santé et des membres d’association engagés contre les violences faites aux femmes.
Ce travail d’enquête et de terrain dresse, en plus de 300 pages, un portrait fidèle et complet des conditions de vie en milieu rural, à l’heure où une femme française sur trois y réside. Pour ce faire, la délégation aux droits des femmes s’est concentrée sur huit grandes thématiques : jeunesse et orientation scolaire et universitaire, insertion professionnelle et accès à l’emploi, entreprenariat, métier d’agricultrice, mobilité, santé et accès aux soins, lutte contre les violences conjugales, engagement politique.
Parmi les principales difficultés rencontrées, les freins à la mobilité « se trouvent à l’intersection de tous les sujets touchant les femmes des territoires ruraux », estime Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme et vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Le manque de transports publics rend en effet difficile l’accès à de nombreux services, notamment aux gardes d’enfants. Autre phénomène, la désertification médicale affecte particulièrement le suivi de la santé des femmes. Le rapport souligne notamment que treize départements sont dépourvus de gynécologues médicaux. Il met aussi en exergue une autre réalité statistique inquiétante : 47% des féminicides constatés chaque année ont lieu en milieu rural, alors que les bassins de vie ruraux représentent un tiers de la population française.
Afin de pallier le manque d’infrastructures et l’enclavement territorial, la délégation sénatoriale formule 70 recommandations destinées à améliorer les conditions de vie des femmes dans ces territoires. On peut ainsi citer la mise en place de transports collectifs réguliers ou à la demande, de dispositifs de garde d’enfants plus accessibles et abordables, la création de centres périnataux de proximité et d'hôtels hospitaliers proches des maternités, l’augmentation du nombre de places d'hébergement d'urgence dans les zones rurales… Pour assurer la mise en œuvre et la pérennisation de ces préconisations, les sénatrices et sénateurs plaident pour une meilleure mixité politique dans le monde rural grâce, notamment, à l’instauration d’un « référent égalité » au sein de toutes les communes et intercommunalités.
Réseau rural français - Agence Kogito