Plus de 130 personnes, dont certaines en web-séminaire, ont assisté ce 2 avril au séminaire de lancement du projet MCDR TRESSONS organisé à Nancy. Ce projet de recherche–action sur l’ESS et la ruralité va s’étaler sur 3 ans. Il doit explorer le rôle, les moteurs, les freins et les leviers de politiques publiques en faveur de l’économie sociale dans les territoires ruraux, mais aussi accompagner et outiller des territoires en réflexion. L’importance de cette famille économique de l’ESS au sens large a été soulignée d’emblée par Mathieu Klein, président du Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle, et l’attention qui lui est accordée a été reprise avec énergie par Catherine Zuber, vice-présidente de la Région Grand Est, qui souhaite que ce type d’étude contribue à guider au mieux les politiques en faveur des territoires.
En introduction de ce premier séminaire, l’Avise, agence de développement de projets ESS, en partenariat avec le RTES, a choisi de croiser deux regards extérieurs sur le sujet. Le géographe Pascal Chevalier a d’abord comparé les dynamiques de coopération LEADER entre quatre régions : deux françaises, une espagnole et une hongroise. L’occasion de souligner des différences flagrantes entre poids des institutions et poids des secteurs privés et associatifs. Axel Othelet, directeur de l’association Citoyens et Territoires, a pour sa part mis l’accent sur les questions de dynamiques coopératives des acteurs eux-mêmes, conditions sine qua non de la création de réseaux coopératifs, à l’instar des concepts étudiés et pratiqués par l’Institut des territoires coopératifs (Instercoop).
Le CNCRESS (Conseil national des chambres régionales de l'économie sociale et solidaire) a exposé les principaux enseignements de l’étude qui lui a été commanditée. À partir des données les plus récentes, le poids de l’ESS en zone rurale (hors périurbain) a été décortiqué et analysé. Il en ressort à la fois une importance plus élevée de cette économie en proportion, comparé à la France entière (14% de l’emploi salarié contre 10%) et des écarts de salaires atténués entre ce secteur et le secteur privé classique en zone rurale, mais qui ne masquent pas de fortes inégalités entre qualité d’emplois entre femmes et hommes (plus de temps partiel et moins de CDI pour les femmes dans les professions ESS en zone rurale vs France entière). L’étude souligne enfin que des secteurs d’activités classiques de l’ESS sont en recul comme la culture, l’hébergement et l’accueil de jeunes enfants, tandis que d’autres progressent : alimentation durable et circuits courts, mobilité. D’une durée de 2 mois, la consultation publique sur l’ESS et la ruralité a permis de recueillir 190 réponses et de dégager des idées fortes qui seront autant de pistes d’action à creuser pour le projet TRESSONS : comment renforcer l’attractivité des territoires via l’ESS ? Comment maximiser l’effet de l’ingénierie territoriale ?
L’après-midi a été consacrée à de nombreux ateliers au cours desquels les participants ont discuté autour de projets, soulignant la diversité des domaines d’action de l’ESS : de l’accompagnement à l’émergence de projets (Ronalpia, Cap Entreprendre, Emergence Franche-Comté, Ecooparc), à des projets de transition énergétique (centrales villageoises, écologie industrielle), en passant par le développement de tiers-lieux (Familles rurales, E-graine). Enfin, Extracité a partagé ses premiers constats sur les monographies de 4 territoires ruraux retenus pour leur diversité : le Pays Terres de Lorraine, le Parc naturel du Vercors, le Pays Périgord Vert et la Communauté de communes Val d’Ille-Aubigné. Elle a conclu en soulignant une récurrence dans l’intitulé des projets rencontrés sur ces territoires « Café des possibles », « Champ des possibles », « Place des possibles »... Comme si l’ESS rendait possible ce qui ne l’était pas auparavant. Rendez-vous est donné cet automne pour une première conférence décentralisée sur l’un de ces territoires, le Vercors, afin de partager et discuter des résultats de la monographie.
Réseau rural français - Kogito