Diffusé sur France 3 Hauts-de-France en mars 2022, un documentaire de Marine Guizy raconte le quotidien de François, exploitant de l’Oise qui cherche à s’éloigner de l’agriculture conventionnelle. Entre enjeux environnementaux et impératifs économiques, le film interroge l’avenir de notre modèle agricole à l’heure de la transition écologique.
« Aujourd’hui un agriculteur est un ouvrier, un mécanicien, un commerçant et un chef d’entreprise. Tout en conduisant son tracteur, il suit les courbes du marché », partage François. © Yami 2
« Mon grand-père était exploitant agricole. Au fur et à mesure des générations, ses enfants et descendants n’ont plus voulu reprendre le flambeau. À l’origine de ce documentaire il y a donc mon souhait de renouer avec cette page de mon histoire familiale et de découvrir les réalités du monde agricole et de la ruralité », confie Marine Guizy, jeune réalisatrice de documentaires. Son film donne la parole au dernier agriculteur de sa famille, François, le mari de sa cousine qui a repris les terres de sa belle-famille dans l’Oise. Il y cultive 400 hectares de blé meunier, de colza et de betterave sucrière. « Je l’ai suivi pendant un an au gré de son emploi du temps et du calendrier agricole, explique la réalisatrice. Une fois tombées les réticences initiales, un rapport de confiance s’est instauré et ma caméra s’est invitée dans sa solitude. J’ai voulu filmer au plus proche de sa réalité et ne rien cacher de la pénibilité de son mode de vie. »
Si François s’est d’abord montré prudent c’est notamment par crainte que le documentaire ne contribue à « l’agribashing » ambiant. Hériter du modèle productiviste de l’après-guerre, il pratique toujours une agriculture conventionnelle qui n’a pas bonne presse auprès du grand public. Conscient des enjeux environnementaux, il cherche pourtant aujourd’hui à concilier l’utilisation d’engrais et de produits sanitaires avec une agriculture de conservation où l’on travaille moins les sols afin de rétablir les équilibres naturels. Il prévoit également de réduire sa culture betteravière dans les années à venir car celle-ci nécessite l’utilisation de machines-arracheuses particulièrement éprouvantes pour les sols.
Le documentaire ne cache rien des dures conditions du travail agricole : horaires de nuit, pénibilité, aléas météorologiques… « Aujourd’hui un agriculteur est un ouvrier, un mécanicien, un commerçant et un chef d’entreprise. Tout en conduisant son tracteur, il suit les courbes du marché », partage François, évoquant le caractère polyvalent de sa profession. « Piégés par l’endettement, de nombreux agriculteurs plongent, contraints, dans une fuite en avant qui rend difficile la transformation écologique de leur exploitation. »
François cultive 400 hectares de blé meunier, de colza et de betterave sucrière dans l’Oise. © Yami 2
« Il était important pour moi de montrer cette réalité de l’entre-deux à une époque où les médias présentent souvent le monde rural comme écartelé entre permaculture, agriculture paysanne d’un côté et grands groupes ou agriculture intensive de l’autre. À l’heure où la question du renouvellement des générations agricoles soulève bien des inquiétudes, j’ai choisi de parler de l’histoire de François qui est aussi l'histoire d'une transmission : celle d’une famille et de ses terres dont j’ai voulu montrer la symbolique », conclut Marine Guizy. Depuis la diffusion de son film sur France 3 au printemps dernier, elle réfléchit, en collaboration avec l’ANCT, à l’organisation de projections-débats avec des associations et des collectivités.
Mon cousin agriculteur est un film de Marine Guizy produit par Yami 2.
Réseau rural français - Agence Kogito