Le 12 juin dernier, l’atelier thématique « Ingénierie territoriale » a regroupé une trentaine de participants au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. L’occasion de faire le point sur cet outil d’animation et de développement qui mise sur l’intelligence collective des acteurs locaux.
Aujourd’hui, le développement d’un territoire passe souvent par la mise en œuvre de projets, l’élaboration de partenariats et la recherche de financements. Au-delà de ces actions, l’ingénierie territoriale peut contribuer à définir une stratégie axée sur la capacité des acteurs à s’emparer ensemble des enjeux de la ruralité, pour agir en synergie sur différents modes : décisions collectives, culture de partage du risque, hybridation des ressources publiques et privées, etc.
Dans ce contexte, l’atelier du 12 juin dernier a permis aux participants – réseaux ruraux régionaux et les acteurs du développement local – de mieux cerner le rôle de l’ingénieur territorial comme catalyseur de projets. La journée a aussi mis en lumière les conditions d’exercice et les évolutions de ses missions, qui demandent une polyvalence accrue.
Défis et bonnes pratiques des territoires
La matinée a permis de dresser un état des lieux avec la participation de Pierre Calame, président de Citégo et concepteur du MOOC sur l'ingénierie territoriale, mais aussi avec les regards croisés d’institutions qui approchent l’ingénierie rurale telles que l’Unadel, la Caisse des Dépôts et le CNFPT.
L’après-midi, les acteurs du développement local (associations, GALs et réseaux ruraux régionaux) ont partagé leurs expériences et bonnes pratiques au cours d’ateliers thématiques dédiés aux outils et ressources de l’ingénierie territoriale, et à la valeur ajoutée que peut représenter cette approche pour un territoire. Les échanges ont montré que l’ingénieur territorial aide à répondre aux enjeux actuels de la ruralité : cohésion sociale, préservation de l’environnement, emploi et formation, relations urbains-ruraux… Au-delà des représentations classiques, ces questions posent des défis méthodologiques et conceptuels qui correspondent à l’élaboration d’un nouveau contrat social pour les territoires.
Liées à la formation, à la sensibilisation et au conseil des élus locaux et techniciens, des propositions d’actions ont été formulées par les participants pour mieux comprendre l’émergence des nouvelles pratiques et métiers de l’ingénierie. Comme pour l’ensemble des ateliers interrégionaux organisés par le Réseau rural national, ces propositions seront arbitrées par les copilotes du RRN (MAA, CGET et Régions de France) et inscrites pour certaines au futur plan d’action du Réseau.
« L’agent de développement rural doit savoir croiser les approches géographique et sociologique, voire anthropologique »
Patrick Grimault, chargé de mission chez Cap Rural
« Le développement des territoires ruraux repose sur les collectivités locales et les acteurs de la société civile : habitants, entrepreneurs, collectifs… Le rôle de l’agent de développement rural consiste à catalyser les envies des porteurs de projets et les possibilités des élus, à mettre en réseau les acteurs locaux pour rendre le territoire dynamique et attractif. Son ingénierie est nécessaire pour faire émerger les projets et les conduire. Dans ce contexte, l’agent doit savoir croiser les approches géographique et sociologique voire anthropologique, afin de mieux comprendre le fonctionnement des acteurs et les synergies potentielles entre eux. Les projets qu’il accompagne peuvent être économiques, culturels, environnementaux, etc. Actuellement, le métier évolue : les agents se concentrent sur des procédures mais devraient pouvoir se rendre davantage sur le terrain pour aller à la rencontre des acteurs, écouter les signaux faibles et les potentialités. Globalement, il est important que les décideurs comprennent l’importance de l’ingénierie territoriale : elle représente un investissement et pas une simple dépense de fonctionnement, car l’agent de développement joue un rôle crucial dans l’essor des projets. » |
« L’ingénierie territoriale contribue à combler le fossé entre élus et citoyens, urbains et ruraux »
Claude Grivel, président de l’Unadel (Union nationale du Développement local)
« Les territoires les plus peuplés et les plus dynamiques sont souvent déjà dotés d’une ingénierie parce qu’ils ont les moyens de la financer, tandis que d’autres ne peuvent y accéder. Leur permettre d’en bénéficier est un enjeu important. Parallèlement, les réformes territoriales ont généré une montée en compétences des agents territoriaux et de l’ingénierie sectorielle, de plus en plus spécialisés dans leurs domaines respectifs. De ce fait, il existe un besoin grandissant d’avoir une vue d’ensemble des politiques publiques et de mettre en place une ingénierie généraliste et d’animation des territoires : mise en débat, aide à l’émergence et à la mise en œuvre des projets. Ces démarches se construisent de plus en plus avec les habitants des territoires, qui veulent que leurs voix soient entendues. L’ingénierie peut ainsi participer à combler le fossé qui existe souvent aujourd’hui entre élus et citoyens et entre territoires urbains et ruraux. » |
Réseau rural français - Kogito