Processus créatif qui vise à s'inspirer des formes, des matières ou des processus du vivant, le biomimétisme contribue à innover et à répondre aux problématiques de développement durable. Essentiellement développé dans l'industrie, il intéresse aujourd'hui les sciences humaines. Le point avec Delphine Pinault, animatrice du Réseau rural et du RITA de Guyane, qui voit dans cette approche de nombreuses promesses pour le développement territorial.
Étudier des écailles de requin pour améliorer les performances des avions, imiter l’architecture des termitières pour rendre les habitats plus écologiques… La nature regorge de solutions dont l’Homme peut s'inspirer pour développer des solutions innovantes et durables. C’est ce que l’on appelle le biomimétisme, ou bio-inspiration. « Ce principe parle aux gens car il est pratico-pratique, en particulier dans des domaines comme les télécoms et l’aérospatial, estime Delphine Pinault, animatrice du Réseau rural et du RITA (Réseau d’innovations et de transfert agricole) de Guyane. Quand on l’applique aux sciences humaines et sociales, c’est beaucoup moins évident à imaginer… » Or c’est justement ce qui intéresse cette ingénieure de projet spécialisée en méthodologie organisationnelle. En partenariat avec le CEEBIOS (Centre d'études et d'expertises en biomimétisme) et des partenaires locaux, elle a lancé il y a quelques mois des échanges qui ont pour objectif de « s’inspirer de la nature pour déterminer quelles réponses innovantes le vivant peut apporter aux problématiques de développement territorial. Ce n'est que le commencement mais nous sommes convaincus que nous trouverons des réponses grâce à un travail de co-construction, de mise en réseau et de collaboration. »
Le Réseau rural de Guyane et ses partenaires ont identifié des travaux sur des secteurs et des thématiques prioritaires. Premier choix : le système alimentaire. « Comme tout DROM, la Guyane a une dépendance commerciale et alimentaire forte avec l’Europe. Etant donné que nous n’avons pas encore de projet alimentaire territorial (PAT), c’est l’occasion de lancer une dynamique innovante de sécurité alimentaire en intégrant le concept de biomimétisme », détaille Delphine Pinault. Second domaine visé : le tourisme responsable. « Par exemple, un parc écologique est en projet sur la commune de Macouria. L’objectif est d'en faire une vitrine de la bio inspiration. Ce parc paysagé proposera installations, dispositifs scénographiques, maquettes ou audio-guides pour illustrer l'ingénierie de la nature et l’application des connaissances du vivant dans les domaines de la chimie, des matériaux ou des process… »
« Allier activités humaines et préservation de l'environnement »
Le Réseau rural de Guyane et le CEEBIOS travaillent également à identifier les acteurs guyanais engagés dans des démarches bio-inspirées. L’enjeu consiste aussi à sensibiliser les citoyens au biomimétisme pour faciliter son appropriation et encourager de nouvelles manières de penser et de travailler, notamment dans l'agriculture et l'aménagement du territoire. « Nous ne pouvons pas changer les choses sans changer les mentalités, assure Delphine Pinault. Pour cela, nous devons adapter notre discours aux élus ou aux chefs d’entreprises pour les sensibiliser au fait que nous pouvons allier activités humaines et préservation de l'environnement. Nous souhaitons travailler l’imaginaire collectif pour dessiner le monde de demain ! »
Réseau rural français - Kogito