Le 5 février dernier, la DRAAF Hauts-de-France organisait le séminaire « le numérique au service de l'agro-écologie ». L'événement marquait le lancement d’un projet ambitieux : la plateforme régionale « Agricultures du futur ». Elle est notamment destinée à créer des connexions entre les agriculteurs et les acteurs de l’innovation agricole ainsi qu’à nourrir une réflexion collective en faveur de l'agro-écologie.
«Les innovations numériques offrent aujourd’hui aux agriculteurs la possibilité de faire des choix plus éclairés et plus judicieux à l’instant T, d’optimiser leurs actions et ressources, de réaliser des économies et de diminuer l’impact environnemental de l’exploitation, d’améliorer leur qualité de vie… Elles sont des leviers puissants pour la transition agro-écologique » lance Marion Lhôte, chef de projet Agricultures du futur » à la DRAAF Hauts-de-France. Sujet majeur pour le service déconcentré du ministère de l'Agriculture et de l'alimentation, l’innovation numérique pour les agriculteurs - et les agricultures - était au cœur du séminaire « Déjà demain ! Le numérique au service de l'agro-écologie ». Organisé par la DRAAF le 5 février à Amiens, l’événement a marqué le lancement de la plateforme régionale « Agricultures du futur ». Créé dans le cadre du contrat territorial de l'Amiénois, ce laboratoire d'initiatives et d'innovations locales est porté par la DRAAF, la Chambre régionale d’agriculture et la Région Hauts-de-France. « L’objectif de cette plateforme est d’identifier les besoins et problématiques des agriculteurs et des structures agricoles, puis de créer les connexions avec les acteurs locaux porteurs de solutions, détaille Marion Lhôte. Dans un second temps, nous souhaitons aussi accompagner l'ingénierie financière et de projet. » À terme, les porteurs de la plateforme ambitionnent de créer un portail internet ainsi qu’un démonstrateur dédié aux innovations agricoles.
Le séminaire a réuni près de cent participants : agriculteurs, coopératives, instituts d'enseignement supérieur, lycées agricoles, chambres d’agricultures, structures de développement agricole, start-up, fermes expérimentales... « Toutes les acteurs régionaux concernés par la problématique du transfert d'informations entre la recherche, l'innovation et l'agriculteur étaient présents. Le signe que tous souhaitent avancer sur le sujet » se réjouit la chef de projet. En introduction de la journée, François Moreau, délégué ministériel au numérique et à la donnée au sein du ministère de l'Agriculture et de l'alimentation, a souligné la volonté de l’État de « mettre le numérique au service de l’agriculteur ». Il a également rappelé que « le numérique représente une énorme opportunité pour la production, la vie des exploitations, les relations avec les consommateurs ou encore les coopérations entre agriculteurs. » La matinée s’est poursuivie avec des interventions techniques comme celles de chercheurs de l’Institut polytechnique UniLaSalle sur l’usage des objets connectés et des données pour l’agro-écologie et de la Chambre d’agriculture de la Somme sur la Ferme 3.0. Revers inévitables du numérique, les dangers liés à l'usage d'internet et la sécurité des données étaient aussi au cœur des discussions. Le lieutenant colonel Laurent Hurtrel a notamment présenté différentes menaces telles que l’usurpation d'identité, les faux ordres de virement ou les « rançongiciels » ainsi que des conseils et des moyens de lutte : ne pas communiquer ses numéros personnels, renouveler ses mots de passe ou encore signaler les actes de malveillance sur www.cybermalveillance.gouv.fr.
L’après-midi, les participants ont assisté à la présentation de deux exemples d’innovations numériques locales au service des agriculteurs : la sonde connectée ATS de l’entreprise Agrotecsol, et la ruche connectée d’Hostabee. « Nous avons également souhaité aborder le passage de l'agri-bashing à l'agri-smiling, c’est-à-dire comment donner une image moderne et positive de l’agriculture » souligne Marion Lhôte. Les témoignages de Thierry Bailliet, alias Thierry agriculteur d'aujourd'hui, et de l'association GEDA AFDA, lauréat du concours agri.mouv, ont permis d'illustrer comment il est possible de lutter contre les préjugés, notamment grâce à YouTube. En conclusion, Luc Maurer, directeur de la DRAAF Hauts-de-France, a insisté : « L'impératif, c'est l'autonomie de l'agriculteur. Il doit être maître de son exploitation car c'est seulement lui qui peut prendre les décisions adaptées à son projet. »
Réseau rural français - Kogito