Articulé autour de 181 mesures variées, l’Agenda rural a pour ambition d’adapter les politiques publiques aux enjeux des territoires ruraux. Deux ans après son lancement, quels sont ses résultats et apports ?
Le port Saint-Goustan à Auray (56), l'une des 1 500 communes accompagnées par le programme "Petites villes de demain"
« Lancé en 2019, l’Agenda rural répond au sentiment d’abandon des territoires ruraux exprimé lors de la crise des gilets jaunes. Son but n’est pas d’être un programme spécifique dédié à la ruralité mais d’adapter les politiques publiques aux besoins et spécificités des territoires ruraux » lance Patricia Andriot, cheffe de projet de la mission ruralités à l'ANCT. Trois objectifs motivent l’Agenda rural : mieux reconnaître la ruralité et l’identité des territoires ruraux, améliorer la vie quotidienne dans les territoires ruraux et mieux prendre en compte l’échelon local et l’engagement des élus ruraux. Pour atteindre ces objectifs, l’agenda est organisé autour de 181 mesures qui sont soutenues dans leur déploiement par le plan de relance*. Destinées à tous les ruraux (jeunes, actifs, familles, personnes âgées, élus…), elles portent sur des domaines très variés : mobilité, santé, éducation, accès aux services, petits commerces, numériques… « La majorité de ces mesures étaient déjà existantes. Avec l’Agenda rural, elles ont été renforcées financièrement et davantage fléchées vers la ruralité avec des objectifs chiffrés. Il s’agit par exemple d’atteindre 30 000 jeunes ruraux dans les Cordées de la réussite, 30 000 dans des services civiques, 40 000 personnes bénéficiaires des dispositifs d’insertion par l’activité économique (IAE)… » détaille Patricia Andriot. Parmi les 181 mesures, des nouveautés sont tout de même apparues, notamment une nouvelle définition de la ruralité à partir de la grille communale de densité de l’INSEE ou le Volontariat territorial en administration (VTA).
« L’Agenda rural a fait progresser l’idée qu’il est nécessaire d’avoir des politiques publiques spécifiques aux territoires ruraux »
Cédric Szabo, directeur de l’Association des maires ruraux
Deux ans après son lancement, « 60 % des mesures de l’Agenda rural sont aujourd’hui déployées, estime la cheffe de projet. Je commence à avoir des retours positifs de la part des élus ruraux même si le véritable indicateur de réussite sera le sentiment des habitants des territoires ruraux qu’ils ne sont plus les oubliés de la République. » Parmi les résultats : la labellisation de 1 500 nouvelles maisons France services, plus de 1500 villes accompagnées par le programme Petites villes de demain, la prolongation des zones de revitalisation rurale (ZRR) jusqu’au 31 décembre 2022, le déploiement du dispositif « boussole des jeunes » dans sept territoires, l’assouplissement des critères de recours et de remboursement à la télémédecine… Autre apport de l’Agenda rural : la création d’une gouvernance nationale qui met la ruralité au cœur des politiques publiques. « Pour mettre en œuvre l’Agenda rural, des comités interministériels de la ruralité sont organisés deux fois par an et des référents ruralités ont été nommés dans tous les ministères. Ce n’est pas anodin » insiste Patricia Andriot. Lors du webinaire organisé le 27 mai, Cédric Szabo, directeur de l’Association des maires ruraux, confirmait : « C’est très important pour nous d’avoir des interlocuteurs dans chaque ministère qui nous comprennent. Il faut que les différences entre les villes et la ruralité soient davantage intégrées et comprises dans les ministères : la fermeture d’une classe n’a pas le même impact en Lozère que dans le 3e arrondissement de Marseille. L’Agenda rural a fait progresser l’idée qu’il est nécessaire d’avoir des politiques publiques spécifiques aux territoires ruraux. » Pour continuer à avancer, chaque préfecture était invitée à faire remonter leur « Agenda rural départemental ». « Pour le moment nous avons reçu 84 stratégies locales qui présentent les priorités et enjeux clés de chaque territoire. Cela nous permet de mieux comprendre les besoins de chacun et de les faire remonter » indique Patricia Andriot.
* les territoires ruraux devraient bénéficier, à terme, de 5 milliards d’euros du plan de relance.
« L’esprit de LEADER anime l’Agenda rural » |