Le groupe opérationnel « Rotations 4 pour 1000 », piloté par la Chambre d’agriculture de l’Ariège avec l’appui de l’Institut national de recherche agronomique (INRA), Arvalis et Terra Inovia, réunit 30 agriculteurs autour d’un même objectif : utiliser les engrais organiques et la diversification des rotations pour préserver et surtout restaurer la fertilité des sols, tout en compensant l’impact de l’agriculture sur la production de dioxyde de carbone.
Le groupe opérationnel « Rotations 4 pour 1000 », lancé en 2017, s’appuie sur les résultats de deux précédents Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) qui ont pu profiter de financement du Compte d'affectation spéciale « développement agricole et rural » (CASDAR) : « Conser’Sols » et « Bois Paysan ». En effet, après trois ans de travail sur les couverts végétaux, les agriculteurs ont voulu poursuivre le travail en envisageant la création de filières et en étudiant les rotations susceptibles de valoriser leurs nouvelles pratiques. « Les agriculteurs étaient convaincus que le sol était leur outil de production et qu’ils devaient le préserver », souligne AUDE PELLETIER, Chargée de mission Agronomie - Grandes cultures à la Chambre d’agriculture de l’Ariège. « Les élus à la Chambre d’agriculture souhaitaient eux aussi remettre le sol au centre des systèmes d’exploitation », explique-t-elle. Comment ? Par une maximisation de la durée de couverture des sols. « Le but est de couvrir le sol le plus longtemps possible en respectant plusieurs critères ». Parmi ces derniers figure l’utilisation des résidus de culture ou l’enfouissement des couverts végétaux. L’implantation de légumineuses, mélangées aux cultures classiques (blé ou tournesol), comme la féverole ou la luzerne permet également d’améliorer la qualité des rotations.
Pour soutenir les paysans lancés dans ce projet, la Chambre d’agriculture dispose de plusieurs outils. Grâce à l’appui de quatre conseillers, elle propose notamment des formations et organise les AgroDays. D’octobre 2016 à mars 2017, cinq journées ont ainsi été organisées autour de différentes thématiques (matière organique, couverts végétaux, multi-performances des exploitations…). Ces journées ont permis d’attirer de nouveaux agriculteurs qui ont pu assister à différentes démonstrations et constater l’apport positif des rotations, notamment sur la biomasse.
Aux pratiques réalisées sur les parcelles à travers les systèmes de culture positifs en carbone vient s’ajouter la dimension de développement du territoire à travers la création d’un lien entre céréaliers et éleveurs ariégeois. « Notre défi est d’associer les éleveurs à la démarche dans une dimension gagnant-gagnant pour permettre aux éleveurs d’alimenter leurs bêtes avec des céréales locales vendues à des prix corrects à la fois pour l’éleveur et pour le céréalier », souligne Aude PELLETIER.
Pour ce faire, un serious game a été développé par l’INRA de Toulouse. Intitulé « le rami fourrager », il permet à travers des cartes géographiques du territoire et des pions de déterminer, d’un côté, les besoins des éleveurs en termes de ration et de l’autre les rotations et amendements organiques envisageables pour les céréaliers. Suite à cette planification, les éleveurs et les céréaliers se retrouvent pour réfléchir aux emplacements logistiques (silos, entrepôts) afin de faciliter les échanges.
Le réseau rural français - Averti