Dans notre société mondialisée, les tensions se multiplient autour de l’appropriation des ressources et des biens. En choisissant les « communs » comme thème central de son événement annuel, Cap Rural, le Réseau rural Auvergne-Rhône-Alpes, a souhaité mettre en lumière des alternatives à la gestion partagée des ressources, dans un contexte de transitions.
Comment les communs redonnent du sens à l'action et renouvellent les pratiques ? La question était au cœur des échanges entre chercheurs et acteurs du développement rural.
Réinvestir des commerces vides dans une rue de Saint-Etienne, développer des centrales villageoises pour produire de l’énergie dans la vallée de Quint, créer un éco-habitat participatif dans la Drôme… Voici quelques exemples de projet de « communs » présentés lors de la 8e édition des rencontres Innov’Rural le 6 septembre dernier à Monistrol-sur-Loire (43). Destiné à créer un événement fédérateur et à aborder des sujets qui touchent au développement local et rural, ce séminaire annuel était proposé par Cap Rural, Réseau rural en Auvergne-Rhône-Alpes. En 2019, sa thématique entendait éclairer l’enjeu des transitions des territoires ruraux sous le prisme des communs. En quoi ces derniers redonnent du sens à l’action et comment ils incitent les acteurs des territoires ruraux à renouveler et revisiter les pratiques du développement local. Pourquoi le sujet des communs ? « Les enjeux et les tensions autour des ressources et de l’exploitation des ressources et des biens s’exacerbent, explique Patrick Grimault, chargé de mission à Cap Rural. Ce que nous voulons interroger aujourd’hui, c’est comment ces communs permettent de remobiliser les acteurs des territoires autour d’une ressource, dans un objectif de valorisation et de préservation, dans une dynamique collective où ce n’est pas un groupe extérieur qui s’approprie le sujet. »
« Mix entre des paroles d’acteurs et le regard distancié de 4 chercheurs, la journée a offert un temps pour imaginer, inventer l’avenir, questionner les pratiques des professionnels et des acteurs du développement local afin de savoir comment se construiront et vivront demain nos territoires ruraux. » Les échanges étaient organisés autour de 3 axes. Le premier consistait à expliquer en quoi les communs représentent à la fois une ressource, une communauté et des règles de gestion. 2e axe : les communs et les transitions liées aux crises sociales, économiques et écologiques. Et enfin, comment les communs s’articulent - ou non - avec la puissance publique et les logiques de marché. « Parfois des projets collectifs vont à l’encontre du projet de l’institution publique. Il y a des communs qui sont en opposition avec le marché privé. Sur l’eau par exemple, il existe des tensions entre ceux qui considèrent que l’eau est un bien comme un autre, qu’elle a une valeur et qu’ils peuvent donc se l’approprier, l’acheter et le revendre alors que d’autres pensent le contraire. » |
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Pour échanger autour de sujets aussi vastes que l’agriculture, la forêt, l’eau, la production locale d’énergie, l’habitat participatif, la monnaie locale ou encore les tiers lieux, Cap Rural a rassemblé 110 personnes : agents de développement d’intercommunalités, de collectivités et d’associations, professionnels du développement rural, élus locaux, porteurs de projets collectifs… Ensemble, ils sont arrivés à une conclusion commune : « Nous ne pouvons pas simplement continuer à faire ce que nous faisions avant. Les communs offrent la possibilité de s’engager collectivement par rapport à deux sujets : la définition d’un avenir commun souhaitable pour les populations et les modalités de mise en œuvre concrètes. » Des vidéos, des panneaux d’exposition ou des fiches détaillées sont aujourd’hui à consulter sur le site de Cap Rural pour se familiariser avec le sujet et découvrir des expériences.