Le 3 septembre dernier s’est tenue Innov’Rural, la rencontre annuelle de Cap Rural, Réseau rural d’Auvergne-Rhône-Alpes. Au programme de cette 10 e édition intitulée « Rebondir ! Les atouts du monde rural en période de crise » : conférences, ateliers et témoignages d’acteurs publics et privés qui ont imaginé des solutions pour s’adapter et maintenir des dynamiques de projets dans les territoires.
« La crise sanitaire aura permis de juger de la réactivité des acteurs ruraux », déclare Patrick Grimault, chargé de mission à Cap Rural. Il en veut pour preuve les nombreuses initiatives mises en place et qui ont vocation à se pérenniser, comme celles de l’association Agri Court, spécialisée dans l’approvisionnement bio et local. Alors que la restauration collective et les cantines communales de la Drôme et de l’Ardèche représentaient le plus gros de son activité, leur fermeture pour cause de mesures sanitaires a contraint l’association à se réinventer. Elle a ainsi mis en place un système de « click and collect » pour les particuliers. Appréciée de sa clientèle, cette diversification devrait être pérennisée.
Ce projet et de nombreux autres ont été présentés à la centaine de participants réunis au château de Féligonde à Sayat (63) pour l’occasion. Outre ces ateliers d’échanges et ces retours d’expériences, ils auront pu suivre trois conférences abordant la question du dynamisme et des atouts du monde rural sous l’angle géographique, économique, culturel ou encore social… « Si les questions de proximité et d’alimentation se sont posées avec une acuité inédite pendant cette pandémie, les initiatives en matière de cohésion sociale et de solidarité n’ont pas manqué », témoigne Patrick Grimault. À Buis-les-Baronnies (26), l’association Intervalle a en effet déployé un important dispositif pendant la pandémie afin de compenser la fermeture de la Poste ou encore la pénurie dans les supérettes, particulièrement préjudiciable pour un territoire enclavé. Intervalle a joué le rôle de relais et d’accompagnant tout en fournissant une aide alimentaire d’urgence. En milieu rural comme ailleurs, la culture a aussi été rudement éprouvée. L’espace culturel de Chaillol dans les Hautes-Alpes a dû repenser son offre pour offrir un programme d’activités alternatif avec par exemple la création d’une résidence artistique sur son territoire, baptisée « Artistes en présence ». | ![]() |
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La crise de la COVID-19 aura aussi confirmé le nouvel attrait de la ruralité sur la population française, notamment chez ces citadins confinés se prenant à rêver d’un bout de jardin ou de grand air. « Mais n’est-il pas trop tôt pour parler de véritable exode urbain ? » s’interroge Patrick Grimault. Ce questionnement a fait l’objet de la dernière conférence de la journée, donnée par Valérie Jousseaume, enseignante-chercheure en géographie à l’Université de Nantes qui a récemment publié Plouc Pride : un nouveau récit pour les campagnes aux éditions de l’Aube. Elle y décrit l’inversion des valeurs qui redore l’image du monde rural, souvent moqué, perçu comme un espace arriéré et dont les atouts se révèlent pleinement aujourd’hui. « La récente attractivité des espaces ruraux n’est pas née avec la crise sanitaire mais elle s’y est bel et bien confirmée ajoute Patrick Grimault. De plus, il existe de fortes disparités entre les territoires. Si l’on considère la région Auvergne- Rhône-Alpes par exemple, la vallée de la Drôme attire davantage que le plateau ardéchois. Il faudra par ailleurs veiller à la bonne intégration de cette nouvelle population, favoriser la mixité et l’inclusion sociale pour se prémunir de la gentrification. » |
Réseau rural français - Agence Kogito