Mené entre 2019 et 2022 dans le Grand Est, le groupe opérationnel PEI Plantations innovantes en forêt (PIF) a aujourd’hui de nombreuses recommandations et méthodes à partager sur les pratiques de plantation : attentes des différents acteurs, amélioration des conditions de travail, réduction des impacts environnementaux…
Chantier de reboisement de douglas réalisé par une équipe de planteurs à Fretigney-et-Velloreille (70). Les plants sont transportés dans des sacs qui protègent leurs systèmes racinaires du vent et du soleil. © INRAE - AgroParisTech
« Les partenaires* du groupe opérationnel Plantations innovantes en forêt (PIF) s’était donné comme objectif principal de travailler sur les itinéraires de plantation afin d’en améliorer les performances environnementales et sociétales, tout en proposant des itinéraires plus en accord avec les attentes exprimées par les propriétaires forestiers et la société dans son ensemble » rappelle Catherine Collet, chargée de recherche à INRAE et responsable du GO PIF.
Un premier volet de travail s’est focalisé sur les attentes sociétales en matière de plantation avec une série d’enquêtes auprès de deux publics : les propriétaires forestiers et les élus de communes forestières dans le Grand Est. « Grâce à ces enquêtes nous avons pu montrer que la dimension économique n’est pas prépondérante dans l’intérêt que les propriétaires et élus portent à leurs parcelles » explique la coordinatrice. En effet, comme précisé dans une synthèse de ces questionnaires, l’intérêt que portent les propriétaires à leurs parcelles est d’abord d’ordre affectif (84%) puis en lien avec la préservation de la biodiversité (82%). L’avantage fiscal qu’elles peuvent constituer n’est quant à lui cité que par 12% des sondés.
Ces enquêtes illustrent également les principales motivations des propriétaires privés de forêts et des élus communaux en matière de plantation. Elles portent sur des aspects patrimoniaux d’une part et de biodiversité de l’autre – conserver ses racines, son histoire afin de la transmettre, tout en prenant en compte la préservation de la forêt et de son environnement. « Il apparaît que les propriétaires ont en réalité peu de réticences à la plantation tant que la fertilité des sols et leur biodiversité sont préservées » ajoute la chargée de recherche.
« L’autre volet du GO PIF a porté sur la mesure de la pénibilité du travail de plantation. Si cette thématique est bien repérée en ce qui concerne l’exploitation forestière (activité de bûcheronnage par exemple), elle est encore méconnue pour tout ce qui a trait au travail de plantation » poursuit Catherine Collet. Les mesures réalisées montrent bien qu’il existe un niveau de pénibilité physique assez élevé (bruit, vibrations) ressenti par les opérateurs, notamment les chauffeurs d’engins. Ces mesures pointent vers des améliorations nécessaires des outils de travail des opérateurs. »
Après un travail de diagnostic, les partenaires du groupe opérationnel ont travaillé au développement d’outils afin de réduire cette pénibilité. « Quels types de pelles ou de pioches privilégier ? Comment améliorer les tables de préparation des plants ? Comment l’utilisation de drones associés à un GPS peut améliorer les jalonnements et cartographies de terrain ? Autant de pistes de réflexions qui ont été abordées » précise la responsable du projet. Enfin, le groupe opérationnel s’est aussi intéressé aux impacts environnementaux des opérations techniques : « La mécanisation et les opérations de plantation peuvent abîmer les sols en les compactant. Nous avons cherché à trouver un équilibre entre d’un côté réduire la pénibilité et de l’autre limiter les impacts négatifs sur le sol forestier. Respecter la saisonnalité des sols est l’une des solutions abordées. Certains engins particulièrement lourds pourraient ainsi n’être utilisés qu’une partie de l’année. »
« Nous cherchons aujourd’hui à partager nos résultats auprès des autres GO PEI » insiste Catherine Collet. C’était notamment l’objectif du colloque de restitution de PIF qui s’est tenu à Tomblaine (54) le 25 septembre dernier en présence d’une centaine de participants parmi lesquels des gestionnaires forestiers, des acteurs de la R&D, des acteurs du privé et du public ainsi que des personnes issues de l’enseignement. « Outre une présentation de nos résultats, ce colloque a été l’occasion pour les participants d’assister à des ateliers de démonstration d’outils (pioche, table d’habillage des plants, drones) qui préservent les sols et la biodiversité. »
* INRAE, ONF, AgropParisTech, Fibois Grand-est, Université de Lorraine, FCBA, CNPF
Kogito - Réseau Rural