En Bourgogne, le cassis est en danger. Victime notamment des ravageurs et des aléas climatiques, la culture de ce fruit enregistre des rendements hétérogènes qui suscitent l’inquiétude des producteurs et liquoristes. Décidés à inverser la tendance, ils sont associés à d’autres acteurs régionaux pour mettre en œuvre des actions agroécologiques au service de la pérennité de la filière. Focus sur ce groupe opérationnel du PEI.
© Chambre d'Agriculture de Côte-d'Or
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Gel, canicule, disparition des insectes pollinisateurs, invasion de cochenille… De nombreux facteurs affectent la filière cassis de la Bourgogne-Franche-Comté. « En 10 ans, nous avons connu sept récoltes avec des rendements inférieurs au seuil de rentabilité » confirme Olivier Lenoir, président du groupement de producteurs de cassis, dont l’emblématique « Noir de Bourgogne », une variété qui représente près de 70% des surfaces de cassis cultivées dans la région. Pour enrayer ce processus, les acteurs de la filière se sont regroupés : producteurs, transformateurs, instituts de recherche, chambre d’agriculture… Soutenus par la Région, leur projet a donné lieu à la création d’un groupe opérationnel du PEI en 2018. Un plan d’action a alors débuté avec le recrutement d’un chargé de mission afin de mettre en place des partenariats techniques et scientifiques, d’organiser l’interprofession, de définir les besoins de chacun... Objectif : « Répondre à une nécessaire adaptation de la production face aux aléas climatiques et sanitaires ». Les partenaires se sont focalisés sur deux axes de travail : la reconnaissance du savoir-faire de la production de bourgeon de cassis - dont les propriétés sont connues en parfumerie, en gemmothérapie et en agroalimentaire - et la stabilisation des rendements du Noir de Bourgogne, utilisé en particulier pour élaborer la crème de Cassis. |
« Des actions agroécologiques et de protections sanitaires dans les vergers constituent un 1er levier afin d’apporter des solutions immédiates pour stabiliser les rendements, détaille Marine Chasseray, chercheuse au sein de la SATT Sayens et animatrice du GO. À long terme, l’amélioration de la variété Noir de Bourgogne par des travaux de sélection variétale est aussi identifiée comme une solution prometteuse ». Les acteurs de terrain bénéficient de compétences en génétique, en entomologie, en arôme alimentaire ou en microbouturage grâce à l’appui des industriels liquoristes et de partenaires scientifiques tels que le CNRS, AgroSup Dijon ou les laboratoires Spiral. Ensemble, ils s’intéressent par exemple à de nouveaux modèles de conduite des vergers : aménagements d’infrastructures agroécologiques, réduction des produits phytosanitaires… Ils cherchent également à restaurer les populations de pollinisateurs (dont le nombre à diminuer de plus de 90% en 40 ans) par la réintroduction de plantes spécifiques et l’installation d’hôtels à insectes ou de ruches à bourdons. La lutte contre la cochenille par traitement à l’eau chaude est également testée, tout comme l’assainissement de plants de cassis et la détection de virus et de phytoplasmes. « Nous travaillons sur la régénération à partir de la culture de méristèmes pour produire des plants sains et moins fragiles » détaille Olivier Lenoir. | ![]() |
Autre axe de recherche : l’amélioration variétale. « Notre objectif est de trouver un croisement entre différentes variétés de cassis pour atteindre les mêmes qualités organoleptiques que le Noir de Bourgogne mais avec un rendement plus élevé et de nouvelles caractéristiques comme l’autofertilité ou la résistance aux maladies et aux gels printaniers. » De tels travaux demandent du temps. « Création, vérification, validation, plantation… Même si nous créons vite "un champion", il faudra au moins cinq ans pour qu’il devienne grand et produise du cassis » confie Olivier Lenoir.
Réseau rural français - Kogito