Le 15 mars dernier à la Grande Arche de la Défense, le Forum des Marais Atlantiques (FMA) organisait le séminaire de restitution de son expérimentation « Préservation de l’élevage extensif, gestionnaire des milieux humides ». L’occasion de faire intervenir éleveurs et experts afin de dresser les enseignements des actions menées ces quatre dernières années auprès des sites pilotes.
« Les milieux humides jouent un rôle écologique et de régulation du climat largement reconnu aujourd’hui. À l’interface de la terre et de l’eau, ils façonnent nos paysages avec une diversité remarquable » déclarait Marie-Laure Metayer, directrice adjointe de l’Eau et de la biodiversité au Ministère de la transition écologique, en guise de propos liminaire. Elle a également tenu à rappeler les bienfaits d’une pratique extensive de l’élevage, « qui représente un intérêt majeur pour la préservation des zones humides, des ressources naturelles et de la qualité de l’eau ainsi que de la diversité biologique de ces espaces. » Marie-Hélène Aubert, inspectrice générale du CGEDD et Yves Brugière-Garde, rapporteur du CGAAER, ont quant à eux salué « la richesse de la mission du FMA en termes de connaissances. Une aventure humaine qui a su mettre en avant les acteurs de terrain et les éleveurs. » Après les discours d’introduction, Florence Thinzilal, responsable du pôle agroécologie au FMA a présenté les différents sites pilotes concernés par le projet MCDR : les marais du Cotentin et du Bessin, la plaine maritime picarde et les marais de Brouage en Charente-Maritime. Elle a également détaillé les nombreux axes de travail mis en place : aide publique, foncier, valorisation des pratiques d’élevage, gestion raisonnée du parasitisme, animation locale…
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Les tables rondes de la journée ont par la suite abordé les manières d’encourager la pratique de l’élevage extensif et de fédérer les éleveurs dans une démarche durable et pérenne, via la présentation des outils d’aides publiques (MAEC, PSE) et de leurs nouvelles modalités d’attribution. Les territoires ne manquent pas non plus d’idées pour encourager l’installation d’éleveurs, à l’instar de l’Association foncière pastorale (AFP) du marais de Brouage. Créée en 2019, cette structure rapproche les propriétaires et éleveurs dans une logique de mutualisation qui permet de réduire la pression du coût du foncier. « Notre structure regroupe environ 1 600 propriétaires répartis en 4 825 parcelles sur une surface de 7 500 hectares, a détaillé Carlos Origlia, responsable administratif et financier de l’AFP. Nous y avons orchestré la restauration du réseau hydraulique et prévoyons celle des passages busés à partir de 2023. » |
Le séminaire aura également été l’occasion de rappeler la grande diversité faunistique et floristique des zones humides. L’élevage extensif en prairie naturelle favorise en effet l’harmonie entre espèces. Ainsi, la Brière, les marais poitevin et breton accueillent 90% des effectifs nicheurs français de la barge à queue noire, une espèce d’oiseau limicole, menacée en Europe. Mais si la faune et la flore sont abondantes en milieux humides, les parasites le sont tout autant. « Les zones humides comportent une grande diversité de parasites ubiquitaires ou spécifiques », a rappelé à ce titre la vétérinaire Anne Barbier, avant de souligner l’importance d’une pratique raisonnée du parasitisme garante de l’équilibre biologique et des écosystèmes de ces milieux particuliers.
Pour clore la journée, Mélanie Bordier, responsable du projet MCDR au FMA, a présenté les résultats d’une enquête réalisée auprès de l’ensemble des partenaires et contacts établis au fil du projet afin de déterminer la suite à donner à l’expérimentation. « 95 % des interrogés sont favorables à la création d’un réseau national d’acteurs autour de l’élevage extensif en zone humide. Il contribuerait à favoriser le partage de connaissances et à mutualiser les expériences entre territoires, a-t-elle rapporté. Si les critères de sélection et d’intégration des territoires restent encore à préciser, on peut supposer que les marais bretons, de la Brière, du bassin de l’Escaut dans les Hauts-de-France ou encore de la Camargue soient intéressés. » Poursuivant la mission du FMA, ce réseau devrait voir le jour en 2023. | ![]() |
Réseau rural français - Agence Kogito