Organisé en décembre dernier, le webinaire « Erasmus+ et développement rural » a souligné les opportunités offertes par ce programme européen aux acteurs du développement rural. Plusieurs structures membres du Réseau rural étaient invitées à témoigner sur cette plus-value pour les territoires ruraux.
« Ouvrir Erasmus+ à un plus grand nombre de participants »
« Associations, collectivités, structures de l’économie sociale et solidaire… Vous qui travaillez en zone rurale, vous percevez parfois que l’éloignement géographique est un frein à l'ouverture à l'international. Le programme Erasmus+ vous permet d’enrichir les dynamiques locales par l’acquisition de nouvelles compétences grâce à des séjours d'études, des stages ou par des projets de coopération en Europe sur des thématiques très larges » expliquait Corinne Le Fay-Souloy, conseillère au Cabinet de la Direction de l’agence Erasmus+, en introduction du webinaire organisé le 10 décembre dernier par le Réseau rural national. Elle a précisé que l'inclusion était un axe renforcé dans le prochain programme qui va débuter cette année. « L’objectif est d’ouvrir Erasmus+ à un plus grand nombre de participants dont les ruraux, parfois moins enclins à tenter l’expérience internationale. Aux jeunes bien sûr mais aussi à des publics adultes. » La simplicité de gestion administrative du programme a ensuite été évoquée, tout comme le fait qu’il était possible de juxtaposer des aides FEADER et Erasmus+. Corinne Le Fay-Souloy a enfin insisté sur l'intérêt de se rapprocher ou de s'associer avec d'autres structures en consortium afin de s’informer et de bénéficier de leur expérience : « La première étape est de regarder, dans votre périmètre géographique, qui est déjà impliqué dans des programmes Erasmus +. »
Jusqu’à 450 000 euros sur une durée de trois ans
Chargés de promotion et d'animation du programme Erasmus+, Estelle Duprat et Israël Mendez-Gonzalez ont complété ce témoignage en apportant des informations techniques sur la mise en place du dispositif. Première étape : répondre à un appel à propositions. « Vous ne répondez pas à une commande publique, le cahier des charges n'est pas pré rédigé, c'est vous qui construisez votre projet en fonction de vos besoins. » Ils ont ensuite détaillé différents types de projets : rédaction d’un guide de bonnes pratiques, création d’un blog, organisation d’un séminaire de formation… « Erasmus+ soutient des projets de petite envergure d’une durée de 6 mois jusqu’à des projets de 3 ans financés jusqu’à 450 000 euros. Vous recevez jusqu'à 80 % de la subvention octroyée dès la signature, sans avance de trésorerie. » Afin d’aider les candidats à trouver des partenaires, ils ont enfin évoqué EPALE, une plateforme d’échanges de pratiques entre formateurs, bénévoles, chercheurs ou acteurs de l'ESS pour l'éducation et la formation des adultes. « Vous y trouverez une mine de ressources sur des thèmes tels que l'accès au droit, la transition écologique, la promotion culturelle, l'insertion sociale, la démocratie participative, l'accès aux compétences de bases… »
Quatre acteurs du Réseau rural ont ensuite partagé leur expérience d’Erasmus+. Chargée de mission à Leader France sur la question de l'accès aux services en milieu rural, Marie de Bizien présentait la suite du projet MCDR ACCESS’R : ESPRIT. « Nous avons déposé une demande de financement auprès de l'agence Erasmus+. Notre objectif est de former des porteurs de projets et des acteurs de terrain qui coordonnent les actions innovantes d’accès aux services en milieu rural. » Elle a loué, elle aussi, la souplesse de gestion et de suivi d'Erasmus+. Enseignante au lycée viticole d’Orange, Elvire Valin a quant à elle rappelé l’existence du dispositif Tiers temps. Destiné aux enseignants des lycées agricoles et viticoles, des CFA et des unités de formation d'apprentis, il permet de dégager un tiers de leur temps de travail, pendant trois ans, pour développer des projets répondant à la mission d’animation et de développement des territoires (ADT) des établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA). « Les professeurs du dispositif Tiers temps sont des contacts intéressants pour des structures souhaitant monter des projets en lien avec la transmission/éducation dans le cadre d’Erasmus+. » L’enseignante a également souligné que « le regroupement d’acteurs de l’enseignement, de la recherche et du terrain pouvait favoriser l’obtention de financements ».
Autre intervenant : Thibault Dingreville, du CRESS (Chambre Régionale des Entreprises d'économie sociale et solidaire) PACA. Le chargé de mission a rappelé qu'Erasmus+ a permis à son établissement de financer des sessions d'immersion en situation de travail sur des thématiques comme l'économie circulaire, l'égalité femmes / hommes ou l'intégration des personnes en situation de handicap. Grâce au programme, le CRESS PACA organise également des rencontres européennes autour de pratiques innovantes. « Un rapport d'étude capitalisera les différents enseignements afin d'encourager nos entreprises membres à porter plus de projets Erasmus+. » Bénévole à l’association Solidarité Paysans, Michel Courgeau a présenté AgriRessources. Objectif de ce projet Erasmus+ : sécuriser le parcours des agriculteurs fragilisés. « L'idée partait du constat que les agriculteurs se focalisent principalement sur ce qui ne va pas dans leur ferme. Or il est très difficile pour les accompagnants de changer ce regard et nous n’avions pas les outils pour travailler dans ce sens. » Il a évoqué les trois grandes phases du projet : recenser les ressources existantes, comparer les données recueillies à la littérature scientifique et produire des outils d’accompagnement. « Nous avons mis en place des groupes de projets nationaux qui permettent de tester les modules de formation imaginés. Au final, nous avons produit un manuel et une brochure illustrée en français et en allemand qui devraient permettre aux accompagnants de monter en compétences. »
Réseau rural français - Kogito
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