Les viticulteurs occitans se tournent de plus en plus vers le travail du sol afin de ne plus avoir recours aux herbicides. Cette manière de faire peut cependant entraîner une augmentation de la consommation de carburant. Dans le cadre d’un GO, l’association Sudvinbio et ses partenaires ont cherché à comprendre les facteurs de ces augmentations. Ils proposent aujourd’hui des solutions de réduction des coûts synthétisées dans un guide pratique richement illustré.
Si, depuis quelques années, des dispositifs nationaux incitent à réduire l’utilisation des herbicides en agriculture, le travail du sol semble être l’alternative privilégiée par les viticulteurs d’Occitanie. Mais cette nouvelle manière de travailler n’est pas sans conséquence : « De nombreux producteurs de vin bio m’ont fait part de la forte augmentation de consommation de carburant depuis qu’ils ont cessé la viticulture traditionnelle. Ce qui est un peu contradictoire avec les objectifs fixés par l’agriculture biologique », raconte Nicolas Constant, ingénieur conseil chez Sudvinbio. L’association interprofessionnelle constate alors que peu de références existent sur la consommation en carburant des outils du travail du sol. « Nous avons donc souhaité renforcer l’acquisition de données sur la consommation des différents matériels afin de hiérarchiser les facteurs qui ont un impact sur celle-ci. » C’est ainsi qu’est né, en 2016, le groupe opérationnel « Optimisation des itinéraires techniques d’entretien du sol en viticulture biologique en vue de réduire les coûts de production et la consommation des énergies fossiles », en partenariat avec la chambre d’agriculture de l’Hérault, la Cuma Occitanie et l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).
Pour caractériser les stratégies d’entretien du sol et établir une gamme de consommation de carburant des différents matériels d’entretien du sol en fonction des conditions d’intervention, Sudvinbio et ses partenaires ont utilisé différents modes de mesure. « Il y a eu de l’expérimentation à proprement parler. Sur un matériel donné, nous faisions varier un seul paramètre (profondeur de travail du sol, vitesse d’avancement, manœuvres en bout de rang…) pour essayer d’identifier son impact sur la consommation de carburant », explique Nicolas Constant. Ces données expérimentales ont été complétées par des relevés effectués chez de nombreux viticulteurs. L’association s’est notamment rendue chez deux viticulteurs occitans aux stratégies d’entretien du sol très contrastées afin d’enregistrer leurs consommations lors de chaque intervention, en conditions réelles. Ce travail a permis d’obtenir des idées de consommations sur des itinéraires techniques globaux. « En croisant ces différentes méthodes, sur trois années d’expérimentation, nous avons collecté 116 mesures de consommation », se réjouit-il.
Des solutions proposées aux viticulteurs
À partir de ces données, Sudvinbio, la chambre d’agriculture de l’Hérault, la Cuma Occitanie et l’IFV ont publié un guide pratique de 24 pages à destination de leurs adhérents, des viticulteurs et des organismes de formation tels que les lycées agricoles. Stratégies d’entretien du sol, types de matériel, consommation de carburant, économies possibles… Autant d’informations et de conseils enrichis de schémas, chiffres clés et photos de sols ou d’outils pour mettre en œuvre des solutions concrètes afin de réduire sa consommation de carburant et réaliser des interventions les plus durables possible. Le guide propose par ailleurs une analyse détaillée de deux cas de figure : sans changement de façons culturales ni de matériel et avec un changement possible à tous les niveaux. Dans le premier cas, le viticulteur pourra optimiser ses coûts grâce à un bon entretien de son tracteur, un bon réglage de ses outils en fonction des tâches à réaliser, une adaptation de sa vitesse d’avancement ou une amélioration de ses manœuvres en bout de rang par exemple. Dans le deuxième cas, le viticulteur en capacité de modifier ses itinéraires d’entretien peut envisager des investissements matériels ou encore des changements au niveau parcellaire afin de limiter ses déplacements et ses manœuvres. « L’intervention qui consomme le plus, c’est celle qui ne sert à rien ! », rappellent, en conclusion, les auteurs du guide.
Réseau rural français - Kogito