Entretien avec Anne-Sophie Voisin, animatrice PEI en Bourgogne-Franche-Comté

Alors que la nouvelle PAC se déploie, l’heure est au bilan pour la programmation PEI 2014-2022. En Bourgogne-Franche-Comté le dispositif a permis de soutenir de nombreux projets innovants, comme l’illustre la nouvelle animatrice régionale.

La pérennité et le développement de la filière cassis en Bourgogne-Franche-Comté est un « exemple assez emblématique de la coopération à l’œuvre au sein du PEI ».

« Faire émerger des projets en prise directe avec les besoins des territoires, encourager des actions de coopération, s’adapter à la diversité des acteurs territoriaux… Autant de raisons qui m’ont poussée à rejoindre l’animation du PEI en Bourgogne-Franche-Comté » explique Anne-Sophie Voisin qui a pris ses fonctions d’animatrice au sein de la Région en avril 2023, après 25 ans passés en tant que chargée de recherches à INRAE.

Accompagnement des agriruraux, soutien à la filière cassis… Des projets co-construits avec les territoires

Édité fin 2022, un livret recense les travaux des Groupes opérationnels PEI en Bourgogne-Franche-Comté. « Nous voulions illustrer à travers des exemples concrets les réalisations de nos GO » précise Fiona Bouvet-Agnelli, ex-animatrice PEI qui a contribué à la rédaction de la publication.

« Parmi les actions mentionnées dans ce livret, le projet RARES traduit bien la volonté de répondre à des problématiques nouvelles et diverses émanant directement des territoires » ajoute Anne-Sophie Voisin. À l’origine de ce projet, un constat : aujourd’hui la moitié des candidats à l’installation en agriculture ne sont pas issus du monde agricole et combinent souvent plusieurs activités. « Les dispositifs d’accompagnement créés sur un modèle conventionnel ne sont pas toujours adaptés à ces nouveaux profils. Le projet RARES s’intéresse à la création de nouvelles méthodes en fédérant les acteurs des territoires autour de ces questions. » Une première phase d’analyse a conduit à la mise en place d’un observatoire et d’une plateforme collaborative afin de dresser le profil socio-économique de ces primo-arrivants. Dans un second temps, le projet a réuni d’autres partenaires tels que le CERD (centre d’étude et de ressources sur la diversification), l’Institut Agro Dijon, des associations du développement agricole et rural ou encore des acteurs de l’ESS afin de réfléchir collectivement à la co-construction de nouvelles solutions d’accompagnement. Le 17 octobre 2023, les porteurs du réseau RARES organisent un colloque de recherche à la Maison des Sciences et de l'Homme de Dijon « pour comprendre et mieux connaître les nouvelles formes d'installations multiactives en milieu rural ». Au programme : présentation de l’Observatoire de l’agriruralité et de la plateforme collaborative, tour d’horizon des premiers résultats de recherche, retours d’expériences, ateliers thématiques...

Autre action figurant dans le livret qui recense les travaux des GO PEI régionaux, le projet de structuration et de pérennisation de la filière cassis en Bourgogne. « C’est un exemple assez emblématique de la coopération à l’œuvre au sein du PEI, estime Fiona Bouvet-Agnelli. Nous avons voulu mettre en avant cette production de niche et de haut savoir-faire qui manquait encore de visibilité. » Typique de la région, ce fruit aux grandes qualités organoleptiques rentre notamment dans la composition de la crème de cassis, produit régional à l’indication géographique protégée. Vulnérables aux aléas climatiques et aux attaques de nuisibles, la culture du cassis a des rendements très hétérogènes. Pour pallier ces problèmes, le groupe opérationnel a été chargé de mesurer l’impact du changement climatique, d’engager une amélioration génétique, d’imaginer et de tester des moyens de protection sanitaires sur les plants de cassis, ainsi que de réfléchir aux moyens de réintroduire des pollinisateurs pour assurer la floraison.

Diffuser l’information : le rôle central des animateurs PEI

Mi-juin 2023, s’est tenu à Vilnius un séminaire européen dédié à l’intégration des SCIA (les systèmes de connaissances et d'innovation agricole, aussi appelés AKIS) auquel a participé Anne-Sophie Voisin. L’événement aura permis d’éclairer les particularités du modèle français : « Comparé à d’autres pays européens, la France a déjà un système préexistant et spécifique qui se décline en de nombreux organismes de conseil, institutionnels ou privés. Cette complexité d’acteurs au niveau national et régional rend parfois difficile la prise en main de la notion de SCIA. La communication entre acteurs et le partage des connaissances à tous les échelons sont d’ailleurs deux grands enjeux défendus par la nouvelle PAC. Ce séminaire aura été l’occasion de réaffirmer le rôle crucial des animateurs PEI dans la diffusion de l’information » estime Anne-Sophie Voisin.