Des initiatives dans les Hauts lors de la crise COVID
Un souffle porteur de développement ?
UNE ENQUETE REALISEE AUPRES D’ACTEURS SOCIO ECONOMIQUES DANS LES HAUTS DE L’ILE
(SOURCE : ANIMATION TERRITORIALE – AD2R)
La crise sanitaire de l’épidémie de COVID-19 a impacté fortement le territoire de La Réunion dans son ensemble et les Hauts n’y ont évidemment pas échappé. Cela a concerné à la fois la période des 55 jours de confinement et désormais les différentes phases de déconfinement où ce n’est pas le retour à la période « d’avant ».
Tous les extrêmes ont pu être observés, de l’envie « irrésistible » de déconfinement au repli sur soi. Et sur le plan économique des drames (fermeture définitive d’une chambre d’hôtes, licenciement en fin de CDD d’un technicien d’entretien dans un hôtel), mais à l’inverse des situations inespérées en temps normal (avec le triplement du chiffre d’affaires d’une boutique qui fonctionne déjà bien).
Les quelques exemples qui suivent permettent d’illustrer des initiatives concernant les Hauts. Ils montrent une diversité des champs d’action, des modalités et laissent entrevoir aussi des perspectives pour « l’après ».
Une solidarité entre voisins
A Saint-François, dans les Hauts de Saint-Denis, c’est l’école à la maison. C’est compliqué, il y a des disparités selon les écoles. Il y a une entraide entre voisins. On imprime les devoirs à faire pour d’autres élèves de l’école primaire qui ne sont pas équipés de matériels informatiques chez eux. On fait les courses pour les voisins, ceux qui ne sont pas véhiculés notamment.
Un lien de proximité à préserver
L’association Pause Famille dans les Hauts du Tampon propose des activités sur la cuisine, de la couture, du bricolage. Les relations numériques ont permis de garder le contact et l’association envisage la mise en place d’un site web. Mais les membres ont le souci de toujours être à l’écoute de l’autre, et s’inquiète par exemple des violences dans les familles.
La vente de panier Fruits et Légumes
La Société Coopérative Agricole Fruits de la Réunion a proposé à Saint-Benoît une vente de panier Fruits et Légumes, auprès de la population des quartiers et au-delà. Des agriculteurs ont ainsi pu participé à la préparation des paniers et se sont impliqués dans la relation avec les clients.
Un partenariat public-privé pour les fruits et légumes
Avec le concours de la commune, un espace de vente a été mis en place à côté du collège de Quartier Français. Les agriculteurs de Sainte-Suzanne ont pu y vendre leurs produits. Grâce au Centre Communal d’Action Sociale et à une association, des paniers alimentaires ont pu être distribués. C’est le facteur qui a assuré l’acheminement des colis.
Une gestion spécifique pour la ressource en eau
L’association Mon Repos dans les Hauts de Saint-Paul gère la source Hermann et un réseau de distribution de l’eau à 13 agriculteurs. Les besoins concernent l’agriculture mais aussi la vie domestique. Durant le confinement, l’association a demandé à ce que la distribution de la ressource en eau ne bénéficie qu’à ceux qui résident sur place. Une décision qui a été acceptée de façon unanime.
Une plateforme en ligne de service de restauration avec livraison à domicile
Un groupe de professionnels de la restauration de Saint-Philippe a créé une plateforme en ligne pour proposer un service de livraison à domicile. Les clients souhaitent qu’en « temps normal » l’initiative perdure. En effet, il y a de nombreux restaurants mais ils ne livrent pas et surtout le soir, il y a très peu de restaurateurs ouverts.
Des cours à distance à l’école de musique
L’école de musique de Salazie (Est de l'Ile) a dû s’adapter à cette nouvelle situation. Elle a ainsi proposé des cours à distance à ses élèves. Ceux-ci semblent finalement satisfaits et l’école envisage de poursuivre ce type d’actions.
Vers un télé-enseignement ?
Une habitante de Roche-Plate dans le cirque de Mafate a raconté le vécu de sa fille pendant cette période : « Depuis le confinement, ma fille que lé au lycée à Saint-Paul, lé avec nous. Elle y fait l’école à distance mais lé pas facile tous les jours ! ». Cette expérience renvoie sur les questionnements en cours sur la scolarité des jeunes Mafatais qui arrivent au collège. Peut-on envisager un enseignement à distance pour les 6-5ème par exemple ?
Ces exemples montrent une diversité et finalement une richesse pour le territoire des Hauts. Elles émanent tantôt du domaine public, tantôt de collectifs formels ou non, ou d’individus. Elles concernent aussi bien la vie courante, la relation sociale, la dimension culturelle que la vie économique. Leur moteur peut être la solidarité, la recherche d’alternatives, la valorisation d’opportunités et elles s’appuient sur des savoir-faire, une analyse économique des acteurs concernés. Tout cela a pu contribuer à maintenir la situation, voire à explorer des pistes et ainsi développer une qualité de service, mais aussi finalement une qualité de vie pour demain.
UNE CAPACITE D’ADAPTATION POUR LA MISE EN ŒUVRE DE SESSIONS ACAR (ACCROITRE LES COMPETENCES DES
ACTEURS RURAUX) AU COURS DE LA PERIODE DE CONFINEMENT : « NOU TIENBO, NOU LARG’ PA »
(SOURCE : OPERATION ACAR – AD2R)
Dès le 16 mars, qui marque le début de la période de confinement et l’arrêt brutal des groupes en présentiel, la modalité à distance a été testée afin de pouvoir finaliser la dernière journée de deux sessions de formation qui étaient en cours. Avec des échanges téléphoniques et des mails à chacun des participants par le formateur.trice, ils ont pu réaliser les exercices pratiques prévus dans le programme et avoir un feed-back.
La période de confinement démarre avec une grande incertitude sur sa durée et la reprise des groupes en présentiel. Dans ce contexte de crise sanitaire, des dispositifs sont mis en place par le Gouvernement et les collectivités territoriales pour accompagner les entreprises à faire face à la baisse, voire l’absence d’activité selon les secteurs. Un travail de synthèse et d’analyse des logiques de ces différentes aides (diverses dans leur nature, critères d’éligibilité, modalités d’attribution…) et de mise à jour régulière a donc été réalisé afin de le porter à connaissance de notre réseau de chefs d’entreprise dans les Hauts. L’accompagnement a ainsi consisté à identifier les aides les plus adéquates pour les entreprises des Hauts et à amorcer les démarches administratives requises.
La modalité de visioconférence à distance a tout d’abord été testée et validée en interne avant de proposer un calendrier de sessions et d’inviter un réseau de plus de 70 chefs d’entreprises des Hauts à y participer. Au fil des échanges avec les participants et tenant compte du contexte de reprise des activités, une session « juste-à-temps » portant sur la communication de crise a été proposée afin que les entreprises puissent construire une stratégie de communication adaptée à leurs cibles de clientèles, à l’accueil du public dans le respect des protocoles sanitaires préconisés par l’Etat.
40 chefs et cheffes d’entreprise dans les Hauts ont pu se connecter et accéder à ces sessions à distance pendant la période de confinement. Courant juin, un point d’étape d’informations sur la mise à jour des dispositifs d’aide est prévu.
Des retours d’expériences partagés par le réseau des chefs et cheffes d’entreprises, les témoignages sont multiples : des sujets concrets et des résultats rapides et déterminants, générés par le contexte inédit de crise sanitaire (activation des systèmes d’aides publiques, mise en place de protocoles…), le « faire réseau » entre territoires des Hauts qui accroît l’interconnaissance entre participants de territoires différents (où les distances géographiques et les contraintes de mobilité ne sont plus de mise), les craintes partagées et la lutte contre l’isolement des entreprises pour laisser place à l’apaisement et aux nouvelles idées pour s’adapter, des plages horaires adaptées facilitant le maintien de certaines activités professionnelles (secteurs du bâtiment et agricole) et une réelle montée en compétence des publics accueillis sur l’usage des outils numériques de visioconférence à distance
(ordinateur, smartphone…) !
Néanmoins, en dépit de nombre d’avantages à déployer de telles solutions d’adaptation au contexte de crise, le travail collaboratif « à distance » s’est trouvé confronté à quelques limites. L’entraide, la co construction et l’émulation collective nécessitent du présentiel, sans nul doute. D’autres contraintes sont mises en relief et non sans impact sur certaines catégories de publics : l’exclusion des participants en raison de la qualité médiocre de connexion Internet dans certains quartiers des Hauts, de défaut d’équipements en matériel numérique (ordinateur, tablette ou smartphone…) ou de pratiques insuffisantes voire absentes des outils numériques.
LUMIERES EN ACTIONS RESTE CONNECTEE ET « FELEMASK » !
C’est le 14 Avril 2020 que Nicaise HOAREAU, Présidente de l’association Lumières en Actions à SaintBernard à Saint Denis lance le projet « FéLeMask », entourée de 12 bénévoles.
Si l’association œuvre depuis 2014 dans l’organisation d’actions de cohésion sociale pour les habitants de Saint-Bernard, c’est avec plaisir que les couturières démarrent la confection de masques aux normes AFNOR dans le contexte de la crise sanitaire.
Qu’elles soient non initiées, débutantes ou confirmées, les bénévoles s’organisent depuis leur domicile pour rester en contact via les réseaux sociaux tout au long des étapes de la réalisation des masques à partir des kits fournis par la ville de Saint-Denis. A ce jour, plus de 500 masques ont été distribués en priorité aux personnes âgées.
L’action touchant à sa fin et les bénévoles étant de plus en plus impliquées dans le projet, l’association souhaite continuer les ateliers de coutures dans les locaux aménagés, mais aussi à distance.
Suite à l’expérience, les retombées fort positives pour les habitantes et habitants du quartier de SaintBernard, permettent à l’association de poursuivre ses objectifs que sont la transmission des savoirfaire intergénérationnels ; la lutte contre l’isolement des habitants du quartier ; ou encore l’initiation à la pratique de l’outil informatique.
Association AD2R de la Réunion