Piloté par des Chambres d’agriculture de la région Centre-Val de Loire, le GO Climenvi encourage les viticulteurs à intégrer le changement climatique dans leurs décisions. Explications et enjeux avec Michel Badier, conseiller viticulture à la Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher.
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Augmentation de la teneur en sucre des raisins, températures en hausse dans les bâtiments, vendanges précoces… Les impacts actuels et à venir de l’évolution du climat sur les entreprises viticoles sont au cœur de Climenvi. Lancé en 2018, ce GO vise à donner aux viticulteurs de la région Centre - Val de Loire des clés pour adapter leurs entreprises au changement climatique. « L’idée était de prévisualiser le futur, de ne pas raisonner seulement pour aujourd’hui mais pour les 20 ou 30 ans à venir », explique Michel Badier, conseiller viticulture à la Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher et responsable du projet. Climenvi réunit trois Chambres d’agriculture (Cher, Loir-et-Cher et Indre-et-Loire) ainsi que l’Institut Français de la Vigne et du vin (IFV), Météo France, l’Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), l’Inrae, l’Université de Tours et le laboratoire Citeres (UMR 7324).
« Donner une vision concrète de l’évolution du climat à 2030 »
Chinon (37), Meusnes (41) et Sancerre (18) : les trois sites pilotes retenus dans le cadre de Climenvi ont d'abord fait l'objet d'une projection climatique à 2030 afin d'évaluer les impacts sur les entreprises viticoles. Des impacts répertoriés selon quatre thématiques : terroir et matériel végétal, viticulture, œnologie et organisation du travail. « Nos études ont notamment permis d’identifier et de modéliser les indicateurs climatiques et agroclimatiques de 2030 à 2080 comme la pluviométrie, l’augmentation des températures, la diminution des jours de gel ou les dates de floraison, commente le conseiller. Le changement climatique peut cependant avoir des effets bénéfiques pour la viticulture, notamment sur la pleine maturité des raisins. » Ces résultats et bien d'autres seront partagés cette année sous forme de livrets et d'une application en ligne.
Proposer des recommandations techniques et financières réalistes
Les partenaires du GO construisent par ailleurs un scénario d’adaptation au changement climatique, comportant des mesures appropriables par les acteurs de la filière viticole régionale. « Nous nous efforçons de proposer des recommandations réalistes que les viticulteurs seront techniquement et financièrement en capacité de mettre en œuvre. S’ils adaptent aujourd’hui certaines de nos recommandations, il reste quelques incertitudes autour de la gestion des périodes de stress hydrique et de la relocalisation du vignoble. » Présentées très prochainement aux vignerons et responsables professionnels de la région, les mesures d'adaptation feront également l'objet de formations de 14 heures animées par des experts du changement climatique en viticulture et des consultants en stratégie. Car c'est aussi là l'une des finalités de Climenvi : construire les outils de conseil et de formation de demain pour mieux accompagner les viticulteurs. « Dans le prolongement de ces actions sur l'adaptation au changement climatique, le GO travaille déjà à la suite du projet : Climenvi "Atténuation" » conclut Michel Badier.
Réseau rural français - Kogito