Dans le cadre de la mise en place du Réseau National Agricultures et Ruralités (RNAR), trois ateliers d’échanges et de réflexion sont proposés aux différents acteurs concernés afin de recueillir leurs attentes, souhaits et propositions. Celui du 7 avril portait sur l’animation nationale du réseau en cours de construction.
L’atelier LEADER du 13 avril 2023, l’un des trois ateliers organisés par le Réseau rural pour préparer l’avenir
Le rendez-vous avait été pris lors de l’AG de décembre dernier. L’atelier consacré à l’animation du futur RNAR (Réseau National Agricultures et Ruralités) s’est tenu le 7 avril dans les locaux de l’ANCT. Proposé par les copilotes du Réseau (ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, ANCT, Régions de France et les Régions), il a réuni une vingtainede représentants de diverses structures. Comme les deux autres ateliers prévus (consacrés au PEI et à LEADER), le rendez-vous vise à préparer la mise en œuvre du RNAR dans le cadre du plan stratégique national qui découle de la nouvelle programmation de la PAC.
Si la particularité du RNAR, par rapport au RRN auquel il succède, est d’englober les deux piliers de la PAC, dans un contexte de gouvernance renforcée entre État et Régions, son principe de copilotage demeure, tout comme ses objectifs généraux : stimuler l’innovation dans l’agriculture et le développement rural en favorisant l’interaction entre pairs et toutes les parties prenantes. Dans ce contexte, l’atelier « Animation nationale » est l’occasion de faire le bilan des actions mises en place auparavant afin de préparer l’organisation du nouveau Réseau. Ce que Lucie Louessard, cheffe du bureau de la coordination du développement rural au MASA et responsable du copilotage du RNAR, résume en introduction par la formule suivante : « Capitaliser sur les bonnes idées pour pouvoir corriger les moins bonnes et, éventuellement, en trouver de meilleures. »
Un réseau étant, par définition, un ensemble d’élément interconnectés, sa conception s’appuie sur la manière dont peuvent s’établir puis s’entretenir ces connexions. « La structure du réseau doit permettre à la fois d’encourager et de rendre possible la collaboration des acteurs concernés » précise Lucie Louessard. Encore faut-il que les attentes et besoins de ces derniers soient clairement identifiés. La première question posée aux participants de l’atelier sera donc : que veut dire « faire réseau » ? Question que Lucie Louessard considère comme « à la fois philosophique et très concrète ». Pour y répondre, chacun est invité à exprimer ses idées, interrogations et attentes vis-à-vis du RNAR lors de séances de brainstorming ou en sous-groupes dont les réflexions sont ensuite partagées.
« Trois verbes résument ce qu’est “faire réseau“ : vouloir, pouvoir et savoir, propose Patrick Grimault, chargé de mission à Cap Rural, Réseau rural Auvergne-Rhône-Alpes. Vouloir, c’est être ouvert à ce que font les autres. Pouvoir, c’est en avoir les moyens. Savoir, c’est être capable de sortir des postures institutionnelles. » Les échanges s’appuient notamment sur les résultats d’un questionnaire diffusé en amont de l’atelier, portant sur le mode de gouvernance du Réseau, les possibilités de renforcer les liens entre les différents acteurs ou encore sur l’utilité et l’efficacité des outils de communication existants.
Au-delà des spécificités structurelles ou géographiques des uns et des autres, des aspirations communes se font jour : elles portent sans surprise sur des attentes fortes en matière de coordination, d’harmonisation, de valorisation et de mutualisation, mais surtout et avant tout sur des besoins autant que sur des envies d’échanges. « Il y a des expériences qu’on a besoin de connaître, mais aussi des actions qu’on a besoin de faire connaître » estime Patrick Baron, cogérant de la CIAP Pays de la Loire.
De son côté, Laurine Olivier, chargée de mission à AgroParisTech, juge qu’« il faut un animateur dynamique qui ait envie de fédérer des personnes, toutes prises par ailleurs dans des obligations quotidiennes, autour d’un projet commun ainsi que de les faire monter en compétences ». Quant à Marianne Paboeuf, animatrice du Réseau rural Bretagne, elle considère que « la priorité n’est pas de faire de beaux organigrammes de gouvernance mais de travailler ensemble. Plus les occasions de se rencontrer sont nombreuses, plus on crée des opportunités de projets communs qui doivent être encouragées par des supports financiers, type MCDR, et surtout du temps de travail d’animation ».
Dans la foulée, les idées d’applications pratiques ne manquent pas non plus, qu’elles portent sur les moyens d’améliorer le site web et les supports de communication ou sur les possibilités de renforcer l’impact des livrables et des webinaires.
La dimension européenne est aussi au cœur des débats : « Il ne faut pas perdre de vue que le Réseau n’est pas juste un outil français mais s’inscrit dans le cadre de la PAC, rappelle Patricia Andriot, cheffe de projet mission ruralités à l’ANCT. Il doit avoir une dimension européenne. Est-ce qu’il ne faudrait pas imposer une vision européenne dans les différents projets, avec toutes les difficultés que cela implique ? » Difficultés que les acteurs présents confirment unanimement avant de préciser qu’elles tiennent à des barrières culturelles mais également pratiques. « La logique de réseau devrait permettre de dépasser ce genre de difficultés » estime Gérard Peltre, président de l’association Ruralité Environnement Développement (RED).
Synthétisées et analysées, les propositions avancées lors de l’atelier permettront d’établir une feuille de route à valider par un groupe technique État-Régions. « Certains points pourront être approfondis lors d’échanges en visio, précise Lucie Louessard. Le but est de pouvoir lancer le RNAR en septembre 2023. » Après quoi chacun pourra participer à son animation. « L’intérêt de la réunion d’aujourd’hui est de définir clairement ce que nous voulons faire ensemble, conclue Pascal Gruselle, conseiller affaires européennes, aménagement du territoire et outre-mer à Régions de France. Des propositions seront ensuite soumises aux autorités compétentes. Car l’animation du Réseau implique des moyens humains et financiers dont l’affectation relève, in fine, de choix politiques. »
Réseau rural français - Kogito