C’est à un genre d’exploitation bien connu des éleveurs des montagnes françaises qu’est consacré le projet MCDR AgroPastoM : l’agropastoralisme. Lancé en 2015 par les services agricoles et pastoraux des différents massifs français1, ce projet a pour but de développer cette pratique millénaire qui consiste à associer, à des degrés divers, deux types de ressources fourragères pour nourrir les élevages : la végétation spontanée (herbes, buissons, etc.) et les productions cultivées (céréales, foin…) récoltées, stockées et/ou pâturées. « Les bénéfices sont nombreux, souligne Anne Castex, directrice du Suaci Montagn’alpes2 et coordinatrice du projet. L’agropastoralisme est une pratique agro-écologique qui favorise la biodiversité, entretient les territoires, maintient les paysages, réduit les risques d’incendie et augmente l’attractivité touristique des territoires (fête de la Transhumance par exemple). » La part de végétation spontanée - donc renouvelable - peut représenter jusqu’à 80% de l’alimentation des troupeaux suivant le « profil pastoral » des systèmes agropastoraux, avec des nuances de dispositifs très marquées (pastoralisme sédentaire méditerranéen).
« L’idée d’AgroPastoM était de réunir les acteurs agricoles et pastoraux, qui avaient peu l’habitude de travailler ensemble, pour améliorer la qualité des soutiens apportés à l’économie agropastorale » résume Anne Castex.
Première étape du projet : faire remonter les besoins du terrain. L'audition de 250 personnes ressources (représentants de collectivités, de l’Etat et de parcs, éleveurs, chercheurs…) a ainsi été réalisée dans les différents massifs. « Cela a permis à la fois d’acquérir une connaissance améliorée et partagée des différents contextes agropastoraux et d’identifier les problématiques rencontrées par les acteurs. Ces dernières se regroupent en trois principales thématiques : les moyens de fonctionnement de l’agropastoralisme, les politiques publiques et leur articulation (dans le cadre des PDRR par exemple), l’économie des filières (lait, fromages, viandes) et du tourisme. » Pour chacune d’elles, les partenaires d’AgroPastoM ont mis en place des groupes de travail pendant trois ans. Leurs travaux ont contribué à réaliser un livret intitulé « Propositions partagées pour améliorer les soutiens à l’agropastoralisme de montagne ». Destiné aux décideurs et financeurs, principalement l’État et les régions, ce document de 64 pages propose de nombreux leviers d’actions sur différentes thématiques comme le suivi des espaces pastoraux, l'organisation collective de ces espaces dont la propriété foncière est souvent complexe, la meilleure organisation des filières pour valoriser les produits, la protection contre la prédation, l'articulation des politiques publiques. Sur ce dernier point, l'ACAP a mis en évidence la délicate articulation entre les mesures de soutien à l'activité tantôt portées par les Conventions de massifs, tantôt par les PDRR, suivant les massifs. « Nous recommandons par exemple de soutenir les dynamiques collectives en instaurant une aide à l’estivage comme en Suisse, de poursuivre la reconnaissance par la PAC de l’ensemble des surfaces pastorales y compris les landes et bois pâturés ou encore de soutenir les démarches de différenciation et de promotion (AOP, IGP, labels…) des produits issus de pratiques pastorales » illustre la coordinatrice d’AgroPastoM. Outre cette publication, le projet MCDR a aussi conduit à l’intégration des acteurs du pastoralisme au groupe « Montagne » de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA) : « Cela va nous permettre de poursuivre nos échanges sur des sujets importants comme, entre autres, l’évolution des contrats de travail des bergers » se réjouit Anne Castex.
Ce livret est complété par un important document de synthèse disponible sur le site du suaci : www.suaci-alpes.fr
1 Suaci Montagn’Alpes, Service InterDépartemental pour l’Animation du Massif Central (SIDAM), Association des Chambres d’Agriculture des Pyrénées (ACAP), Association Régionale de Développement Agricole et Rural du massif du Jura (ARDAR), Chambres d’agriculture France (APCA), Chambres régionales d’agriculture de Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’Occitanie et de Bourgogne-Franche-Comté, Centre d'Études et de Réalisations Pastorales Alpes-Méditerranée (CERPAM) et Réseau Pastoral Auvergne-Rhône-Alpes
2 « Pôle de compétences au service du monde agricole et des acteurs des territoires alpins »
Le Réseau rural français