Le Réseau rural national tenait son assemblée générale vendredi 9 décembre dans les locaux de l’ANCT. À la veille de la mise en œuvre de la nouvelle PAC, c’était l’occasion pour la quarantaine de participants présents de faire collectivement un état des lieux des réalisations de 2022 et des projets pour 2023.
Benjamin Chapelet, chef de projet Europe au Centre National de la Propriété Forestière (CNPF), présente les résultats de l’animation thématique « Forêt durable » du PEI-Agri, destinés à répondre aux préoccupations des forestiers français.
Le changement dans la continuité. L’expression résume parfaitement la teneur des échanges qui ont émaillés l’assemblée générale annuelle du Réseau rural français. Le changement, ce sont notamment de nouvelles têtes au sein du comité de pilotage avec l’arrivée d’Isabelle Mellier et Lucie Louessard, respectivement sous-directrice chargée de la gestion des aides de la PAC et cheffe du Bureau de la Coordination du développement rural (BCDR) au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire. C’est aussi une nouvelle identité pour le Réseau bientôt rebaptisé Réseau National Agricultures et Ruralités. C’est enfin et surtout la mise en œuvre de la nouvelle PAC à partir du 1er janvier 2023. La continuité, c’est évidemment celle de la mission que s’est fixé le Réseau, outil de réflexions, d'échanges et de débats sur les territoires ruraux et les politiques utiles à leur développement. Mission d’importance majeure puisque, comme cela sera rappelé lors de la réunion, 80% des communes françaises se trouvent en zones rurales. Elles regroupent 21 millions d’habitants, soit près d’un tiers de la population.
Comme le veut la tradition, l’assemblée générale se décline en deux temps : un bilan des actions réalisées et une présentation des projets à venir. « Si l’année 2022 a été marquée par les travaux préparatoires du Plan Stratégique National qui fixe les éléments de mise en œuvre de la nouvelle PAC, une présentation des activités du Réseau sur cette période permet de mettre en avant certains acquis importants de la programmation qui s’achève », précise Isabelle Mellier en introduction. Trop nombreuses pour être toutes passées en revue, les actions menées ont fait l’objet de publications régulières sur le site internet qui reste l’outil de communication et de promotion privilégié du Réseau.
À titre d’exemple, est citée l’animation thématique « Forêt durable » 2021-2023 du PEI-Agri. Coordonnée par le CNPF, elle est destinée à identifier, exploiter et valoriser les travaux forestiers européens et nationaux menés dans le cadre du PEI-AGRI et à répondre aux préoccupations
des forestiers français.
En ce qui concerne le dispositif LEADER, la cellule d’Appui Technique et Méthodologique aux Activités de Coopération des GAL (ATMAC-LEADER) a permis un accompagnement spécifique d’une soixantaine de GAL et a bénéficié à cinq réseaux régionaux. Cinq réunions ont été organisées pour accompagner la montée en compétences des acteurs de la coopération LEADER et un baromètre national de la coopération a notamment été mis en place pour offrir une vision globale des actions engagées. Sept livrets et vidéos thématiques ont par ailleurs été publiés cette année, entre autres réalisations.
Régis Piechowiak qui, de son côté, présente le numéro spécial de la Revue du RRN consacré aux projets MCDR dont les deniers se terminent fin décembre, insiste sur la diversité de ceux-ci tant au niveau des thématiques abordées que des acteurs impliqués, ce que confirme Benjamin Guereau-Pinet, représentant du Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire (RTES), porteur avec l’Avise du projet MCDR TRESSONS.
En plus des actions de terrain, des études ont été menées afin d’identifier et de mesurer l’évolution des territoires ruraux sur des thèmes aussi divers que la culture en milieu rural ou l’exode des urbains vers les zones rurales. Mandatée par le RRN pour réaliser une étude sur les Smart Villages, l’ADRETS a pour sa part réalisé un guide méthodologique dont Céline Dacy, représentante de l’association, fait une présentation détaillée qui suscite des échanges nourris avec la salle.
Comme le constate Patricia Andriot, cheffe de projet ruralités à l'ANCT, « la richesse des productions évoquées tout au long de la journée met en évidence, si besoin en était, l’importance de la contribution des territoires ruraux et du monde agricole aux défis sociétaux du moment, qu’ils soient digitaux ou environnementaux ». Toutes ces initiatives témoignent également de l’importance des liens qui peuvent être créés et doivent être renforcés entre la société civile, les acteurs économiques ou associatifs et les institutions. Ce que le RRN s’emploie à faire.
Pour ce qui est de l’avenir, si le réseau s’apprête à changer de nom, son principe de gouvernance reste inchangé avec un copilotage assuré par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l’ANCT et Régions de France. « Le Réseau National Agricultures et Ruralités, qui est la traduction au niveau français du Réseau PAC, vise à construire une transversalité entre les deux piliers de la PAC, à savoir le volet agricole et le développement rural » rappelle Isabelle Mellier. Après avoir repréciser le contexte de création et de développement du Réseau européen, Lucie Louessard affirme quant à elle : « Nous ne sommes pas sur un passage brutal du RRN vers le RNAR mais sur une transition en biseau. Certains projets actuels vont perdurer, en particulier ceux qui concernent l’Agenda rural, la phase 2 de l’étude sur les conséquences de la pandémie sur les mobilités urbaines et l’Observatoire du Développement Rural. »
En fin de réunion, la parole est donnée aux Réseaux ruraux régionaux. Marianne Paboeuf, animatrice du Réseau rural Bretagne, souligne l’importance du partage dans les actions de terrain mises en place : « Nous concevons nos activités pour nos acteurs, avec nos acteurs, mais nous ouvrons toujours les portes aussi bien au niveau local qu’aux instances nationales voire européennes. » Pour illustrer ses propos, Clémentine Laurent, co-animatrice du Réseau rural Grand Est, évoque l’atelier organisé les 15 et 16 novembre sur l’égalité des genres en milieu rural. La réussite de cette opération qui a réuni 80 participants de 17 nationalités différentes est le fruit d’une collaboration étroite entre les trois niveaux du réseau, européen, national et régional, chacun apportant son expertise et ses moyens opérationnels spécifiques.
En conclusion, Lucie Louessard annonce que des ateliers seront mis en place en début d’année pour capitaliser sur l’expérience du Réseau afin de déterminer les points forts qu’il convient de maintenir, ainsi que les points faibles qu’il faudrait améliorer, et qu’un évènement de lancement du nouveau réseau sera organisé, vraisemblablement au mois de juin.
Au moment de se quitter, tous les participants s’accordent à dire que si la feuille de route 2023 est chargée, elle ouvre des perspectives particulièrement stimulantes. Ils rappellent également que les échanges au sein du Réseau, et en particulier dans le cadre des projets MCDR, ont révélé l’intérêt d'apprendre à penser différemment : démarches bottom up, coopération des acteurs, économie sociale et solidaire, co-construction… Un constat illustré notamment par le témoignage d’Eric Rossi, conseiller Europe et Territoires à Familles rurales et coordinateur du projet Port@il : « En milieu rural nous n’avons pas tous la même conception de l’action publique et il y a encore beaucoup de logiques concurrentielles entre collectivités et acteurs privés. Avec notre projet nous avons vu que l’hybridation - des activités, des publics, des financements - est au cœur des tiers-lieux. Cette hybridation est un nouveau modèle qui nécessite de changer notre logiciel en milieu rural. Le RRN a également permis une autre dimension d’hybridation : rural/agricole. J’espère que le futur permettra d’avancer dans cette voie-là. »
Réseau rural français - Kogito