Initiée dans le cadre du projet MCDR REUNIR-AF, la 1re édition du concours national des pratiques d’agroforesterie s'est déroulée avec succès en évaluant et sélectionnant des parcelles dans 4 régions afin de tester le dispositif. Il a récompensé 5 exploitants engagés dans des pratiques exemplaires de gestion du bocage et d'agro-écologie. Ces lauréats ont été distingués lors du Salon de l’Agriculture à Paris.
Ils ont tous une relation particulière à l’arbre champêtre et ont fait le choix de l’intégrer et de le valoriser dans leur système de production. À l’occasion du Salon de l’Agriculture en février dernier, 5 exploitants agricoles ont été récompensés dans le cadre du 1er concours national des pratiques d’agroforesterie. Porté par le projet de MCDR REUNIR-AF et co-organisé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) et l’Afac-Agroforesteries, cet événement a pour ambition de « sensibiliser l'ensemble des acteurs du monde rural et des territoires aux différents services écosystémiques auxquels l'agroforesterie permet de fournir des éléments de réponse, explique Sylvie Monier, animatrice de REUNIR-AF pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’arbre est souvent perçu comme une gêne agricole alors qu’il peut avoir une place agro-écologique pertinente sur une exploitation. Ce concours met en lumière ses nombreux bénéfices sur la biodiversité, la production agricole, la préservation des paysages, l’érosion des sols, l’image de l’exploitation… »
« Nous avons recherché une diversité de situations et croisé les approches qui illustrent l’agro-écologie » détaille Sylvie Monier. Pour cette 1re édition, le concours s’est déroulé entre juin 2018 et février 2019 dans 4 régions : Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Centre - Val de Loire et Auvergne - Rhône-Alpes. Présélectionnées par des jurys régionaux, les parcelles de 15 exploitants agricoles aux profils et secteurs de production variés ont fait l’objet d’une évaluation réalisée lors d’une visite par un comité composé d’agronomes, d’écologues, de zootechniciens, de paysagistes, d’agriculteurs agroforestiers… Ils ont analysé les pratiques agroforestières à trois échelles : la parcelle, la parcelle dans son système d’exploitation et la parcelle dans son territoire et son paysage. Diversité des essences d’arbres et d’arbustes, capacité d’accueil de la biodiversité, infiltration des eaux de pluie, qualité des productions, résilience… Autant de critères observés pour chacune des parcelles candidates.
Le palmarès ? Éleveur de vaches laitières à Petit-Mars (44), Yves Clouet du GAEC des Chênes a par exemple été distingué du 1er prix dans la catégorie « parcelle entre 5 et 10 ans ». Cet agriculteur cultive en agriculture biologique une parcelle de 13 hectares bordée par une haie ancienne et multi-spécifique. Il y a implanté en 2012 des alignements d’arbres intra-parcellaires dans plusieurs objectifs : rupture avec les vents dominants, autonomie alimentaire, développement de pratiques agro-écologiques… Le jury a applaudi « sa volonté de protéger le sol, d’assurer le bien-être animal et d’utiliser le potentiel de la biodiversité pour s'adapter au changement climatique ». Installé à Franchesse (03), Gérard Vernis tient pour sa part une exploitation spécialisée dans l’élevage en bio de 150 animaux de race charolaise. À l’aide d’un atelier bois et d’un plan de gestion durable de ses haies sur une parcelle d’environ 10 hectares, cet agriculteur alimente une chaudière à bois déchiqueté et produit de la litière plaquette. Il a obtenu le 1er prix de la catégorie « parcelle de plus de 10 ans ». « Cet exploitant a une vision globale et innovante en faveur du bocage, salue Sylvie Monier. Il laisse pousser ses haies en hauteur, valorise leur bois ou étudie la biodiversité dans une recherche de performances agronomiques et zootechniques. » Gérard Vernis est par ailleurs récompensé pour ses actions de transmission de valeurs et savoir-faire auprès de confrères, jeunes de lycées agricoles, élus locaux... « Cette exploitation est une vitrine moderne du 21e siècle d’un bocage bourbonnais historique » a félicité le jury lors de la remise des prix. Avant de conclure : « Tous ces agriculteurs démontrent par l'exemple que le continuum existe entre espace agricole et forestier, entre production et environnement, entre intérêt privé et recherche de l'intérêt général. »
Réseau rural français - Kogito